Le marché céréalier ne sera plus « un long fleuve tranquille »
Philippe Chalmin, économiste, professeur à Paris-Dauphine, a des idées bien arrêtées sur l’économie agricole. Invité à l’assemblée de Sénalia, il y a affirmé que dans « la chevauchée fantastique » des prix des matières premières depuis un an, le marché céréalier pouvait être considéré comme « un long fleuve tranquille » par rapport aux fluctuations délirantes du pétrole ou du cuivre, sans oublier les gigantesques montagnes russes de taux de fret qui ont bouleversé la donne des échanges internationaux. Le constat de ces désordres n’entame cependant pas la conviction de Philippe Chalmin qui reste persuadé que le salut du marché céréalier européen est dans son autorégulation. Il se félicite notamment de la politique de dérégulation réglementaire du marché, de la mise à mort du système d’intervention, de la gestion de l’exportation et autres outils de gestion du secteur céréalier instaurés en France en 1936 avec la création de l’Office du Blé et dont on peut pourtant penser qu’ils ont amené l’économie céréalière française d’un état désastreux à une position prépondérante dans l’économie céréalière européenne. « Rien ne sera plus comme avant », affirme Philippe Chalmin alors que les organisations céréalières continuent de déplorer le démantèlement de la politique européenne de régulation des marchés. Séduite sans doute par l’incontestable talent de l’orateur, la salle l’a chaleureusement applaudi, déjà résignée peut-être à ce que l’économie céréalière ne soit plus jamais « un long fleuve tranquille ».