Le marché céréalier français dans la tourmente internationale
        
      
      
      On attendait un point d’Arvalis (Institut du végétal) sur la situation des cultures, sinon sur les premières prévisions de rendements, qui aurait pu être présenté au conseil spécialisé céréales de l’ONIGC réuni mercredi. Mais la prudence a joué et il faudra attendre le prochain conseil de direction spécialisé « céréales » qui sera précoce (le 4 juillet), comme la moisson, pour connaître l’avis des autorités compétentes sur la présentation de la récolte 2007. On ne dispose donc d’officiel sur ce sujet, pour le moment, que les prévisions du SCEES sur l’orge d’hiver et le colza (notre numéro de mardi dernier).
En attendant, les bruits circulent, comme chaque fois à cette période de l’année, sur les perspectives de récolte avec des craintes exprimées sur la qualité sanitaire des blés, la baisse du taux de protéines, le PS décevant En l’occurrence, le Poids Spécifique, (NDLR). des premières orges récoltées. Les pronostics divers se résument dans la traditionnelle formule « d’hétérogénéité ». On peut néanmoins penser qu’en volume, la récolte de céréales à paille sera satisfaisante compte tenu de l’augmentation des surfaces et des précipitations importantes (trop parfois) de mai qui ont compensé le déficit hydrique d’avril.
De toute manière, ce ne sera pas la récolte française qui modifiera sensiblement la physionomie d’un marché céréalier noyé dans un contexte international déterminant. Comme le faisait observer Bruno Hot, directeur général de l’ONIGC, à l’issue du conseil spécialisé de mercredi, la tension actuelle du marché céréalier national n’est pas un phénomène franco-français, mais la conséquence d’une tendance mondiale des prix des matières premières, et pas seulement des matières premières agricoles.
« Une hausse à relativiser », dit Bruno Hot
Ce qui revient à dire qu’à tous les stades de la filière, on ne peut pas grand-chose pour amortir le choc, encore fortement accentué depuis une semaine, de la flambée des prix. Le président de l’ONIGC a, pour sa part, souligné que dans les années 1980 on avait connu des prix des céréales plus élevés, que la hausse actuelle intervient après les prix bas de 2003 et 2004 et que ses retombées sur la recette des producteurs seraient réduites par l’augmentation des coûts de production et notamment du prix des intrants, à la hausse eux aussi. Il faudra donc attendre les prochains comptes de l’Agriculture pour être mieux fixé sur ce point. Quant aux utilisateurs, meuniers et surtout fabricants d’aliments du bétail, il ne leur reste plus qu’à se débrouiller avec leur aval pour faire passer une hausse qu’ils ne peuvent maîtriser. C’est surtout vrai pour les FAB confrontés à leurs clients éleveurs.
La hausse du cours des céréales françaises, aura au moins eu le mérite de doper le bilan financier des exportations puisque, malgré les moindres volumes sortis (voir notre édition de demain), le service des études statistiques du ministère de l’Agriculture constate pour les 4 premiers mois de l’année une augmentation en valeur des exportations de céréales de 350 millions d’euros par rapport à l’an dernier, laissant un solde positif de 1,7 milliard d’euros. Autre partenaire qui n’aura pas eu à se plaindre de la conjoncture céréalière inflationniste, la Commission s’est dégagée, dans de très bonnes conditions financières pendant cette campagne, des stocks d’intervention constitués à petit prix en 2003 et 2004. Rien que pour la France, les 3 Mt de céréales (dont 2,5 de blé) entrées en stockage d’intervention auront laissé à Bruxelles un gain budgétaire de 15 M d’euros. La Commission n’aura pas l’occasion pour la prochaine campagne, de renouveler une telle opération juteuse car il n’y aura certainement pas de mise à l’intervention et les stocks seront liquidés ; ce qui sera dommageable pour l’équilibre d’un marché sous tension. Dans ces conditions les mesures de plafonnement de l’intervention maïs ( Les Marchés de mardi) laissent le Conseil de l’ONIGC dubitatif.
 
        
     
 
 
 
 
 
