Le légume sec emporté par la crise alimentaire
Les légumes secs ne sont pas à l’abri des tensions sur les matières premières. « Après une période de stabilité des prix, la situation s’est inversée », a expliqué vendredi à la presse le secrétaire général de la Fédération nationale du légume sec Guy Coudert.
Un renchérissement de 60 à 160 % est observé entre les deux dernières campagnes. Le coco rose et le haricot d’Argentine valent respectivement 1 800 dollars/t et 1 350 dollars/t contre 700 dollars/t il y a un an. D’une manière générale, les légumes secs ont connu des hausses inférieures à celles des céréales et des oléagineux. Les industriels et importateurs n’en sont pas moins confrontés à d’importantes difficultés.
« Depuis le début de la campagne, les opérateurs ne peuvent plus acheter sur des périodes éloignées, fautes de vendeurs dans les pays producteurs », a déploré Alexandre Cherki, p-dg de la Ciacam, l’une des plus grandes sociétés d’importation à Marseille. « Les prix augmentent chaque semaine et il est très difficile de prévoir les sommets qui pourraient être atteints pour certains légumes secs. » L’inflation est directement liée à celle des céréales. Il n’y a pas de stock de report, les récoltes sont médiocres, la demande est supérieure à l’offre. Pour la prochaine campagne, les producteurs se tournent vers des cultures céréalières et n’envisagent la production de haricots ou de lentilles que s’ils sont assurés d’obtenir un revenu équivalent. « On essaye d’aider au développement national du légume sec, a insisté Alexandre Cherki. Des contrats de culture sont mis en place, avec fixation d’un prix du pois chiche ou de la lentille. »
Défaillance de livraison
La filière subit des coûts supplémentaires. Cela s’explique notamment par les refus de vente sur les périodes éloignées, la volatilité du marché. De plus en plus de non-exécutions de contrat sont à déplorer, en lien avec des défaillances de livraisons de la part d’exportateurs en particulier chinois ou indiens. « Avant, le marché était stable et les embarquements échelonnés, a-t-il signalé. On est maintenant contraints d’effectuer des embarquements immédiats. » Anticiper les commandes, réaliser des stockages importants génère des frais financiers. Par ailleurs, les opérateurs sont dans l’impossibilité de tenir les tarifs sur une campagne.
Le caractère économique du légume sec plaide en sa faveur. « Alors que le coût moyen d’un repas peut être chiffré à 4,50 euros par personne, 80 g de légumes secs reviennent à 0,20 euro », a précisé Jean-Claude Haudecoeur, p-dg des établissements éponymes, largement développés dans le secteur des marchés ethniques et de la RHD. Thierry Liévin, p-dg de Soufflet Alimentaire, a lui mis l’accent sur les innovations dans les conserves, les plats cuisinés, les surgelés. Des légumes secs sont aujourd’hui vendus en doypacks, à cuire 2 minutes au micro onde. Soufflet a lancé une usine en janvier à Valenciennes, dédiée à la cuisson et à la mise en pochon de légumes secs, sous la marque Vivien Paille.