Le Grenelle passe aux actes
En comparaison du grand Barnum qui a conclu les réunions du Grenelle de l’Environnement en octobre dernier, avec Sarkozy en vedette et Al Gore en chauffeur de salle, la présentation des projets législatifs issus de cette consultation a rencontré finalement peu d’échos. Il est vrai qu’organiser une conférence de presse la veille du seul jour de l’année où aucun journal ne paraît, il fallait y penser… Dommage, car c’est bien à partir de maintenant que les déclarations d’intention vont commencer à s’inscrire dans le marbre de la loi, pour le monde agricole notamment. Jean-Louis Borloo a annoncé qu’un premier texte (Grenelle I) avait été transmis le 30 avril au Conseil économique et social, sous forme d’une loi d’orientation, et que ce projet serait étudié avant l’été au Parlement. Ce premier texte de portée générale sera suivi de deux lois d’application. Le parcours législatif devrait se terminer dans le courant de l’automne, a-t-il promis. L’exposé des motifs du projet de loi ne contient pas de surprises en ce qui concerne l’agriculture. Les principaux objectifs y sont chiffrés avec précision : « 50 % » de pesticides en moins dans les 10 prochaines années ; 30 substances « les plus préoccupantes » retirées d’ici fin 2008 ; 50 % au moins des exploitations engagées dans une démarche de certification environnementale d’ici 2012 ; 6 % de surface agricole utile (SAU) consacrée au bio d’ici 2013 et pas moins de 20 % d’ici 2020. Si la plupart de ces objectifs sont louables, notamment la certification des exploitations, il reste à savoir s’ils sont vraiment réalistes. L’explosion de l’agriculture biologique, ce n’est pas la première fois qu’on nous la promet. L’ancien ministre de l’Agriculture Jean Glavany en avait fait un de ses chevaux de bataille à la fin des années 90, avec force contrats, conventions, subventions, plan pluriannuel et objectifs mirifiques. Aucune conférence de presse n’est venue depuis en exposer le triste bilan. C’est dommage.