Le gouvernement impuissant ?
L’information circulait depuis des semaines : vendredi 19 janvier, à l’issue du comité de suivi des négociations commerciales, Stéphane Travert a reconnu devant la presse que les informations remontées du terrain faisaient état « de demandes de déflation très fortes et de négociations difficiles ». Plus nuancé, le communiqué rédigé en commun avec Bercy constate « une application inégale de la charte signée par les acteurs et l’existence de marges de progrès dans la conduite des négociations », à partir des premiers éléments issus des contrôles en cours et des échanges lors de la réunion. Des propos minimisant la réalité, si l’on en croit la FNSEA et Jeunes Agriculteurs. Selon les syndicats agricoles, la DGCCRF aurait établi devant eux « un constat accablant » avec « une demande de déflation systématique des enseignes », « aucune rémunération de la montée en gamme » et un « seuil de revente à perte non respecté ». Il fallait s’y attendre, diront certains : les distributeurs savaient dès le 11 octobre que le projet de loi actuel ne serait mis en application que lors des prochaines négociations commerciales. Les ministres ont beau menacer de maintenir une pression de contrôle élevée et de sanctionner les pratiques abusives constatées, on voit mal comment la situation pourrait s’améliorer avant fin février. Les contrôles portant sur la campagne de négociation 2017 ont été suivis par 9 assignations décidées par Bercy et 230 procédures de sanction administrative, pour un montant total de près de 15 millions d’euros. Pas de quoi dissuader les enseignes de poursuivre la guerre des prix qui les oppose. Difficile pour le gouvernement de le reconnaître, mais les discussions lors des états généraux et la signature de la charte d’engagement, toutes deux à son initiative, n’ont pour l’heure eu aucun résultat concret dans les box de négociation. Reste à savoir si le projet de loi du gouvernement aura plus de poids que des promesses et parviendra à inverser les choses l’an prochain.