Le dîner de Noël bio, une gageure
Ne vous engagez pas à servir des plats uniquement à base de produits porteurs du label AB pour les fêtes, vous risqueriez d’y perdre quelques plumes (et du crédit). Avec 1,86 % de terres agricoles cultivées biologiquement, la France n’est pas le meilleur élève européen. Et compte tenu des cahiers des charges assez restrictifs de l’agriculture biologique, certains produits échappent au label.
Impossible par exemple de servir des huîtres bio. Le label, attribué majoritairement aux productions « terrestres », tente de cette manière de se protéger de toute contamination de la mer, par nature invisible. Cela n’empêche cependant pas l’existence de saumon bio, un poisson (d’élevage) dont l’alimentation doit comporter une certaine proportion de céréales bio. (Ce qui, il faut le reconnaître, n’est pas vraiment conforme à son régime alimentaire naturel...).
Pas de bio en foie de gras
Déçu de ne pas trouver d’huîtres, vous ne pourrez pas non plus vous rattraper sur le foie gras. La méthode de gavage, considérée comme non naturelle, n’est pas acceptée par le cahier des charges de l’agriculture biologique. C’est encore raté ! Vous rencontrerez plus de succès avec la volaille, qui est cependant en perte de vitesse. Selon les chiffres 2004 de l’Agence Bio, 4,5 millions de poulets ont été élevés l’année dernière, un chiffre faible, qui plus est en recul de 13 % sur un an. Quand aux pintades, il va falloir batailler pour en trouver (185 000 têtes en 2004, -12 %), un sort identique pour les dindes (52 673, -1 %). Ces difficultés de croissance se heurtent à la volaille Label Rouge, très développée, et aux exigences de la bio, qui impose une alimentation bio source de surcoûts.
Il est cependant possible de trouver de la viande porteuse du label (bovine par exemple), tout comme des légumes. En passant au plateau de fromages, vous reprendrez des couleurs grâce à une offre qui se développe. Quant au vin, il a le droit d’apposer le logo AB sur ses bouteilles depuis le premier janvier, même si l’autorisation est sujette à controverse (seul le raisin est bio, car les méthodes de vinification et les additifs ne sont pas définis dans le règlement communautaire régissant la transformation des produits AB). Hormis les fruits, vous ferez chou blanc pour les desserts. Il ne reste plus qu’à s’offrir une coupe de champagne, à condition d’avoir fait des réserves. Seule une centaine d’hectares de vignes sur 32 000 est certifiée bio, et la majorité des stocks sont déjà vendus.