Le court et le long
C’est un débat sans fin. Ou plutôt il en comporte deux et chacun peut choisir son scénario. Le premier est rythmé. C’est l’apanage du « court » : artisanal, sans fioritures, livré directement du producteur au consommateur, sans longueurs superflues. Dans le second, les séquences se prolongent. C’est la grosse machinerie du « long ». Le produit est travaillé plusieurs fois et il se passe parfois des mois entre la conception et la livraison. Bien sûr, ça coûte quelquefois assez cher, le long, au producteur comme au consommateur ; mais il faut bien payer les campagnes de promotion, les agents divers et variés, la distribution dans les grands réseaux. Alors, quel est le meilleur circuit pour les produits agricoles et alimentaires, puisque c’est de cela qu’il s’agit ? Le court ou le long ? A vrai dire c’est un peu comme les modes au cinéma. Le mouvement actuel penche vers le circuit court. Le ministère de l’Agriculture vient même de lui consacrer un plan en 14 mesures (c’est long). Mais le court n’attire pas que les 16 % ou 17 % d’exploitations agricoles qui pratiquent la vente directe. C’est toute la grande filière agricole et alimentaire qui se préoccupe aujourd’hui de rapprocher sa production ou ses centres logistiques de ses bassins de consommation. Par conviction, ou tout simplement par sens de l’économie. Et puis demain, on considèrera que le court coûte finalement bien cher pour ce qu’il rapporte, qu’il faut d’abord concentrer l’offre, construire de plus grosses usines, plus compétitives, et faire baisser les prix en important des matières premières, même de loin. Dans la vie, contrairement au cinéma, la fin n’est jamais écrite d’avance.