Le cochon au bord de la crise
Les ingrédients d'une crise du marché porcin sont réunis. Hier à l'AG d'Inaporc, le président Guillaume Roué a décrit une « situation inédite », dans laquelle les éleveurs sont pris en tenaille entre la flambée des matières premières et la faiblesse des prix au cadran. Des estimations de l'Ifip ont fait état d'un coût de revient porté à 1,60 euro par kilo de carcasse, contre 1,23 il y a deux ou trois ans. Cette hypothèse « haute » tient compte d'un doublement du prix de l'aliment à 220 euros/t, sur la base d'un blé à 200 euros/t et d'un soja à 270 euros/t. « Les producteurs sont dans l'incapacité de résister à une telle conjoncture, compte tenu du niveau de prix au cadran (ndlr : 1,189 euro/kg lundi dernier) », a souligné Jean-Michel Serres, animateur d'un groupe de travail Énergie au sein de l'interprofession. D'après ses conclusions, il convient d'adapter la formulation des aliments « en ne s'interdisant rien », notamment en matière d'utilisation des graisses et farines animales. Les jachères doivent être mobilisées. Face à la volatilité des marchés, des achats à terme peuvent être réalisés, de même que des contrats sur une partie de la production. Mais surtout, une opération « vérité sur les prix » s'impose, pour répercuter les hausses de coûts. Guillaume Roué a lui proposé d'accroître les efforts de promotion, de s'appuyer sur la contractualisation avec l'aval en termes de volume, qualité, prix. Par ailleurs, il veut mettre au point une assurance collective sur le risque sanitaire, hors maladies contagieuses. Un accompagnement de l'État est attendu. L'idée d'établir un inventaire des actions de la filière en matière d'environnement a aussi été suggérée au ministre Barnier. Ce dernier, présent à l'AG, y a répondu favorablement.