Le cidre décroche des aides pour se restructurer
Reçus le 8 septembre dernier par le ministre de l’Agriculture, les représentants de l’Union nationale interprofessionnelle cidricole (Unicid) et les principales organisations du secteur ne sont pas repartis les mains vides. En décrochant du ministère la mise en place d’un plan d’adaptation du verger, ils vont pouvoir s’atteler à résorber leur production, un problème existant depuis de nombreuses années.
Doté de 2,5 millions d’euros d’aides étalées sur 4 ans, l’essentiel du plan porte sur deux aspects. En premier lieu, des arrachages de vergers sont prévus, qui concernent les pommes des variétés Judaine, Judeline et Jurella. Développées il y a vingt ans en tant que pommes à jus, elles ne sont pas commercialisables pour l’élaboration des cidres IGP, AOC et Label Rouge. Le deuxième aspect du plan s’attache à l’arrachage des plants, accompagné de la replantation de variétés adéquates. Une indemnité de l’ordre de 3 400 euros par hectare est prévue pour tenir compte des éventuelles pertes de revenu. Au travers de ce plan, dont le dossier était présenté depuis plusieurs années en collaboration avec l’Onivins, l’objectif est bien « d’apurer une surproduction structurelle » comme l’explique André Ducoulombier, directeur de l’Unicid.
Rééquilibrer la production
Les trois variétés citées, avec une productivité de 40 à 50 t/ha, sont bien au-delà des 30 tonnes récoltées avec des variétés classiques. Ces mesures, étalées sur quatre ans, devraient décongestionner l’offre de pommes destinée au cidre. « Il y a urgence à apurer le marché pour écouler les fruits à un prix correct », confirme ainsi M. Ducoulombier. La surproduction est d’autant plus néfaste que la consommation de cidre reste stable, et ce depuis une vingtaine d’années. Un autre problème se pose, mais de taille plus modeste, puisqu’on trouve, à l’est de Paris, des vergers situés hors de la zone IGP et AOC, de nature à gonfler la production de cidres sans label de qualité. En tout état de cause, les mesures annoncées la semaine dernière pourraient permettre de rééquilibrer la production dans un secteur qui a connu quelques changements ces dernières années, avec la montée en force du groupe coopératif Agrial.
Encore deuxième acteur national il y a un peu plus d’un an, le rachat de CCLF (Cidreries du Calvados la fermière) l’a propulsé en 1ere place. Une seconde coopérative est installée dans le trio de tête (Les Celliers associés du Val de Rance), Elle & Vire s’intercalant en deuxième position. Compte tenu des mesures d’arrachage, le plan d’adaptation aurait dû intervenir plus tôt pour certains, car il intervient à un moment où beaucoup de contrats de livraison vont arriver à terme. Mais à plus longue échéance, la production pourrait se déplacer vers des cidres plus qualitatifs et plus valorisants, de quoi rendre le sourire aux cidriculteurs.