« Le bœuf reste une affaire d’État »
Guillermo Draleti, exportateur argentin de viande bovine, témoigne de la difficulté d’exporter un produit qui manque et qui fait l’objet d’un contrôle politique.
Rédaction Réussir
« Notre entreprise Interpampas exporte du bœuf dans le cadre du quota Hilton et aussi hors quota, mais beaucoup moins. L’Europe taxe les importations de bœuf Hilton à 20 % et les importations non Hilton à 40 %… Nous exportons aussi de la viande pour hamburger vers la Russie et les pays d’Afrique du Nord. En Argentine, le commerce du bœuf reste une affaire d’État. Le gouvernement attribue des quotas à chaque abattoir. Tant que cela ne changera pas, notre sort dépendra autant de l’offre et de la demande de bétail et de viande sur les marchés que du résultat des élections », témoigne Guillermo Draleti, exportateur argentin de viande bovine.
L’exportation reste la variable d’ajustement des autorités pour contrôler les prix pratiqués par les bouchers. Depuis 2006, elles ont plusieurs fois changé de tactique. « Avant, les exportateurs devaient écouler sur le marché interne 75 % de leur production pour pouvoir en exporter 25 %. Un calcul bête et méchant qui n’a jamais pu freiner la hausse des prix à l’étalage. La règle appliquée aujourd’hui suit une logique inverse : nous pouvons exporter 70 % de la carcasse à condition de vendre les 30 % restants à tarif préférentiel à certains canaux de distribution qui sont régulièrement inspectés », poursuit l’exportateur. « Ces politiques ont sapé la rentabilité de l’élevage. Et la sécheresse de 2008-2009 a fini de détruire notre cheptel. Nous avons perdu sept millions de têtes en cinq ans ! (le cheptel bovin argentin est passé de 53 à 46 millions de têtes, NDLR) ». Les industriels brésiliens menacent de s’en aller d’Argentine car ils ont racheté des abattoirs importants et, aujourd’hui, ils sont confrontés à la réalité politique locale. « Ils savaient où ils mettaient les pieds, l’Argentine est réputée comme un pays instable à ce niveau-là », commente Guillermo Draleti.