Le BGSO sur les traces de la CIA
En se fondant sur les scénarios imaginés par la CIA sur l'avenir de la planète, le BGSO a rédigé ses propres analyses, baptisées «scénarios Laurel et Hardy». Le premier part de l'hypothèse que les contraintes politiques étrangères fortes vont modifier les échanges, rigidifier l'environnement économique et aboutir à un arrêt de la croissance de la consommation des pays solvables. Les importations de pays tiers vont baisser, les exportations hors Europe cesser, le coût de l'énergie et des transports augmenter. Les producteurs sous serres et les exportateurs connaîtront des difficultés. Les produits jadis exportés se retrouveront sur le marché national et on assistera à une crise structurelle, entraînant une restructuration des vergers.
Plus optimiste, le «scénario Hardy» repose sur des échanges facilités par l'OMC, le développement d'accords bilatéraux et le cantonnement des conflits à des zones limitées. L'Asie pilotera l'économie mondiale et les accords de Kyoto (environnement) seront appliqués partout. Dans ce contexte plus dynamique, les droits de douane baisseront et les barrières non tarifaires des pays tiers (Chine, Japon, Corée, Etats-Unis, Taiwan…) diminueront. Le coût du pétrole sera stable. La concurrence des pays méditerranéens sera forte, bien que ceux-ci doivent aussi compter avec des contraintes environnementales et l'augmentation du coût de la main d'œuvre. La dynamique de consommation permettra d'accroître la PDM des f&l.
Dans ce 2e scénario, souhaité par les responsables du BGSO, les produits banalisés ne génèrent pas de marge, mais les innovations et les "produits plus - service au consommateur" sont bien valorisés. La dynamique des exportations permet aux vergers les plus performants de s'en sortir. Enfin, le consommateur fait preuve d'un besoin accru de produits porteurs d'une identité de terroir pour se "réassurer sur le plan culturel".
Le retour de la planification
Sur un plan très concret, le BGSO propose d'orienter les producteurs vers des engagements à moyen terme -3 à 5 ans- vis-à-vis de leurs metteurs en marché, afin de pouvoir mettre en place une planification. « Il s'agit du point le plus délicat et le plus polémique dans la région, or c'est un point clé de la dynamique régionale, souligne François Lafitte, président du comité BGSO. Si les producteurs prennent conscience qu'ils doivent changer leur fonctionnement, et s'engager sur des quantités et une qualité auprès de leur structure expéditrice, il peut y avoir un effet levier. En échange, la coopérative ou l'entreprise s'engagera sur la valorisation des produits et la transparence des résultats commerciaux». Restent aujourd'hui des questions sur la capacité de la filière à mettre ce fonctionnement en place, sur le soutien des Régions et sur l'engagement de Bruxelles à simplifier la réglementation cadre des OP, mais cela ne figure pas dans les dossiers de la CIA.