Le Beaujolais veut rehausser la qualité de ses vins
Effet conjugué de la loi Evin, de la nouvelle politique de sécurité routière et de la montée en puissance chez les plus jeunes des pré-mixes alcoolisés, le marché du vin en France se porte mal. Sa consommation est passée de 102 à 69 l/an/hab entre 1980 et aujourd’hui. Dans ce contexte, les acteurs des vins du beaujolais qui totalisent une surproduction de plus de 200 000 hectolitres par an ont décidé de prendre des mesures draconiennes. « Nous avons recentré nos préoccupations sur le consommateur et adopté une charte de 29 mesures applicables dès le millésime 2004, » explique Michel Bosse-Platière, président de l’UIVB (Union Interprofessionnelle des vins du Beaujolais).
Cette réforme, validée le 7 juillet dernier par l’ensemble de la filière lors des Assises du Beaujolais, comporte des modifications en profondeur de la filière parmi lesquelles : la restructuration du vignoble à travers la mise en place d’une RQD (Reconversion Qualitative Différée), l’expérimentation de nouveaux cépages métis comme le somaclones ou le gamaret, la création d’une zone mixte ainsi qu’un vin de pays et, à long terme, une redéfinition des zones de l’AOC. L’autre préoccupation majeure de la filière, c’est la professionnalisation de la production pour maîtriser la qualité des vins. Cet objectif passe, entre autres, par une maîtrise des rendements agronomiques à la parcelle en renforçant le pouvoir des commissions professionnelles mais aussi par la création d’une certification des exploitations en références au Guide des pratiques beaujolaises, le développement de la formation permanente et la professionnalisation du CIBAS (Centre inter-appellations beaujolais d’Analyses Sensorielles) qui se charge de l’analyse et de la dégustation pour l’ensemble des vins AOC du Beaujolais.
Vers la notion de 1er cru
Pour améliorer la qualité de ses vins, l’interprofession a également opté pour une meilleure hiérarchisation de la gamme avec la création d’une seule et même « bannière beaujolais » commune aux 12 appellations. « Nous voulons que chaque grand cru soit estampillé » Cru du beaujolais « en plus de la mention Appellation d’origine contrôlée, » argumente Michel Bosse-Platière qui poursuit « Nous voulons également arriver progressivement à la notion de 1er cru. » La qualité des vins sera également renforcée par l’instauration de la mise en bouteille dans la région de production et l’interdiction d’utiliser des bouchons agglomérés pour les beaujolais nouveaux. D’autres mesures sont destinées à renforcer l’organisation de la filière, à gérer les marchés ou encore à valoriser le produit.
Si ce plan d’actions vise à renforcer la filière, il ne sera pas sans conséquence humaine. « Aujourd’hui nous nous occupons de redynamiser l’AOC pour les hommes puissent vivre de l’appellation, mais nous savons pertinemment que nous allons laissé entre 10 et 15 % des producteurs sur le bord de la route,» poursuit le président de l’UIVB qui reprend « c’est le prix à payer pour pérenniser notre filière qui représente une production globale de 1,3 million de litres répartie sur 22 500 hectares. »