Le Beaujolais scrute le ciel avant la vendange
Les vignerons du Beaujolais s’attendent à de faibles volumes de récoltes après un été marqué par des orages de grêle qui ont occasionné d’importants dégâts, mais la qualité pourrait néanmoins être au rendez-vous si les semaines à venir restent sèches. Pour le moment, « on croise les doigts et on regarde le ciel », résume Dominique Capart, président d’InterBeaujolais, l’organisme qui regroupe producteurs et négociants des appellations de la région. « On a besoin au cours des semaines qui viennent d’un bon climat, avec de l’ensoleillement, et surtout d’un temps sec », ajoute le responsable interprofessionnel. Même constat pour Pascal Hardy, directeur du comité de développement du Beaujolais, qui espère « que les pluies s’arrêtent, (…) l'absence d’humidité étant fondamentale », relève-t-il. L’année 2008 aura été légèrement plus pluvieuse que les précédentes mais c’est surtout la fraîcheur relative du mois d’août et deux orages de grêle, les 11 juillet et 7 août, qui laissent augurer des vendanges tardives et peu abondantes.
Ban des vendanges le 14 septembre
La date exacte du ban des vendanges sera fixée lors d’une réunion le 14 septembre, indique M. Capart qui rappelle que « vendanger en octobre n’est jamais très bon ». Le début des vendanges sera moins précoce « que ces 10 dernières années mais on retrouve des dates comparables à celles des années 1990 », tempère M. Hardy. Pourtant les orages de grêle, qui ont causé des dégâts pouvant atteindre 90 % des surfaces dans certaines exploitations, « n’ont rien d’exceptionnels », assure encore M. Hardy, mais ils s’ajoutent à d’autres facteurs négatifs, comme « une floraison moyenne et une plus grande pression des maladies » de la vigne. « On a dû être particulièrement vigilants et mettre en place des traitements préventifs, qui représentent des charges significatives pour les vignerons », explique-t-il.
Le « réseau maturation », un système d’observation récemment mis en place sur 200 parcelles représentatives de tout le vignoble, sur lesquelles sont effectuées deux fois par semaines des prélèvement pour analyser la situation, a permis de réagir à temps, note Pascal Hardy. Par ailleurs, la faiblesse des volumes de production, dans un vignoble en proie à une surproduction structurelle, n’est pas forcément une mauvaise nouvelle « si le marché suit », relève M. Hardy.
« Cette année on n’atteindra pas les rendements autorisés par l’AOC », prévoit M. Capart, dont l’exploitation a été touchée par la grêle en août et qui s’attend à récolter « une ou deux grappes par pied de vigne sur ses terres de Jullié (nord du Beaujolais). D’habitude on dit ‘petite récolte, bonne récolte’», rappelle M. Capart, qui veut croire que 2008 réservera une «bonne surprise» aux vignerons. « Avec la faible production, on pourra peut-être déstocker un peu. Cela peut aider à rétablir le marché et résoudre certains problèmes structurels de l’appellation », espère-t-il. «Les semaines à venir seront déterminantes, insiste M. Hardy, tout se joue maintenant.»