« L'Argentine n'a pas assez d'animaux pour fournir la Russie »
Daniel Assef, directeur général de la coopérative argentine Coninagro.
Les Marchés Hebdo : L'Argentine va-t-elle profiter de l'embargo russe ?
Daniel Assef : Une telle annonce serait favorable à l'Argentine, surtout pour les filières bœuf et blé, et dans une moindre mesure, poulets, produits laitiers, pommes et poires. Mais pendant que le président Vladimir Poutine visitait le Brésil puis l'Argentine en juillet et que nos ministres de l'Agriculture et de l'Industrie étaient à Moscou le mois dernier, d'autres membres du gouvernement argentin suspendaient les exportations de bœuf puis de produits laitiers.
LMH : Les industriels exportateurs se disent victimes de tels freins à l'export, mais s'en servent comme prétexte pour baisser leurs prix d'achat. Sont-ils complices ?
D. A. : D'une certaine façon, oui. Il faudrait donc lever toute restriction à l'export pour faire rentrer des devises dans le pays tout en atteignant le but du gouvernement qui est de faire baisser les prix alimentaires au détail, ce qui aurait lieu en cas de hausse de la production.
LMH : Que représente la Russie pour les exportateurs d'aliments argentins ?
D. A. : La Russie est le troisième importateur de bœuf argentin. En 2011, la Russie est entrée à l'OMC avec le soutien de l'Argentine qui a obtenu l'ouverture de contingents de bœuf de qualité. Mais nous n'avons pas assez d'animaux lourds pour les fournir.