L'alimentaire handicape Metro

La distribution française n'est pas la seule à souffrir, si tant est que cela la réconforte. Il y a quelques jours, le groupe allemand Metro, connu dans l'hexagone pour ses enseignes alimentaires réservées aux professionnels, a détaillé des résultats annuels en légère croissance (55,7 milliards d’euros en 2005, soit +4,2 % sur un an). Mais l'examen plus approfondi de ces chiffres révèle de grandes disparités entre les différentes branches du groupe. Le navire amiral Metro cash & carry a progressé de 6,2 % à 28 milliards d’euros, mais la filiale alimentaire Real a chuté dans le même temps de 7,5 %, à 9,9 milliards d’euros, en partie à cause d'une affaire de viande avariée qui a frappé la chaîne en 2005. Real a même affiché une perte d'exploitation de 11,7 millions d’euros, contre +135,5 millions d’euros, un an auparavant. En janvier, la filiale qui compte 600 magasins en Allemagne a proposé à ses salariés de travailler deux heures et demie de plus par semaine à salaire égal pour « éviter des suppressions d'emplois ». Le patron de Real a justifié cette demande pour « réduire les désavantages par rapport aux concurrents de la branche ». Le groupe Metro doit maintenant trouver l'équilibre idéal entre ses activités alimentaires, grands magasins (3,5 milliards d’euros) et surtout électronique grand public (13,3 milliards d’euros), cette dernière affichant un résultat d'exploitation en hausse de 12,8 %. Heureusement pour le groupe, la forte croissance des activités à l'étranger (+10,3% à 29,8 milliards d’euros) lui permet pour la première fois de réaliser plus de la moitié de son chiffre d'affaires hors d'Allemagne ainsi que les deux tiers de ses profits. Metro s'attend prudemment à une hausse du CA de 4 à 6 % pour 2006, principalement en raison de cette vitalité en dehors des frontières. Pour autant, la restauration du résultat d'exploitation global (+0,8% à 1,7 Md sur un an) est d'actualité. Le poids de l'alimentaire aura son influence dans le redressement, et un impact certain sur le cours en bourse qui a navigué à vue en 2005.