Lait : mariage à gros budget dans l’Ouest
La naissance de la première entreprise laitière coopérative de l’Ouest a été officialisée mercredi à Rennes. Les coopératives Coopagri Bretagne (Landerneau, Finistère), Even (Ploudaniel, Finistère) et Terrena (Ancenis, Loire-Atlantique) regroupent tous leurs actifs laitiers (six usines et deux sites associés) dans une structure de type SAS. Son chiffre d’affaires la première année : 1,1 milliard d’euros (1 850 salariés) à partir d’une collecte de 1,2 milliard de litres de lait (4 000 producteurs). Baptisée en juin, elle sera opérationnelle le 1 er juillet.
Son offre comprend des produits ultra-frais (80 000 tonnes), des fromages à pâte dure et molle (60 000 tonnes), du beurre (45 000 tonnes), de la nutrition santé (10 000 tonnes), des poudres pour veaux de boucherie (45 000 tonnes). Dans son portefeuille figurent des marques fortes sur leur segment de marché : Paysan Breton, n° 1 en beurre de tradition en France (12 % de PDM mais 47 % pour le beurre moulé), Régilait, n° 1 en poudres de lait pour GMS, Mamie Nova, n° 1 en yaourts gourmands, et Recettes de Madame Loïk, spécialités fromagères. Les fabrications pour la MDD représentent près de 70 % des tonnages de PGC pour la GMS.
100 M€ d’investissements sont annoncés
Les trois coopératives étaient associées dans la société commerciale Laïta depuis 1994 pour vendre ensemble beurres, fromages et poudres. Laïta disparaît au profit de cette nouvelle entreprise. Compte tenu de ses apports industriels, Even détient la majorité des parts (50,57%), suivi de Terrena (30,01 %) et Coopagri Bretagne (18,42 %). Le directeur général d’Even, Christian Couilleau prendra aussi la direction opérationnelle de l’entreprise, et Dominique Chargé, le vice-président de Terrena, deviendra son président.
Cette opération qualifiée « d’événement historique » marque l’émergence de « la première entreprise coopérative laitière de l’Ouest dans le premier bassin laitier français », a souligné Christian Couilleau, et le cinquième collecteur français. Mais, dans un contexte de volatilité des prix, toute reste à écrire.
Les actionnaires annoncent d’ores et déjà leur intention d’investir 100 millions d’euros sous trois ans. Discrets sur leur destination, ils confient que ces investissements permettront d’élaborer le process de plusieurs usines pour générer plus de valeur ajoutée. Ils veulent renforcer leurs positions sur les marchés de grande consommation et en nutrition santé. Cette stratégie réduira d’autant la part des produits de commodité (poudres et beurres de dégagement), qui pèse pour 32 % de la valorisation laitière. L’entreprise se donne pour objectif de descendre ce taux d’un point par an, le seuil incompressible se situant autour de 20 %. Elle souhaite aussi renforcer ses ventes à l’export, actuellement de 26 % vers l’UE, 14 % sur les pas tiers. Les associés de la nouvelle entité précisent que la porte reste ouverte à d’autres actionnaires. L’histoire le dira.