Lait : la mutualisation régionale des quotas est en marche
La laiterie France continue de préparer l’arrivée prochaine des DPU. Premier élément visible de l’anticipation du découplage des aides, la revalorisation exceptionnelle des Acal (Aides à la cessation d’activité laitière) entamée l’année dernière connaît une suite. Jeudi dernier, lors du conseil de direction de l’Onilait, la répartition des volumes libérés par les Acal (360 000 t, soit deux fois plus qu’une année classique) a été entérinée, la décision revenant à 80 % aux départements, les 20 % restants devant être redistribués au niveau régional. Cette orientation destinée à gommer les inégalités en équilibrant les exploitations est une première. « C’est une évolution, car il y a plusieurs années, beaucoup de monde était opposé à la mutualisation régionale» a rappelé le directeur de l’Onilait Yves Berger, citant comme seul contre-exemple la région Poitou-Charentes, pionnière dans ce domaine.
Petits et jeunes agriculteurs concernés
Cette redistribution nécessite d’être éclaircie, les CDOA (Comité départemental d’orientation agricole) n’ayant pas d’équivalent régional à même d’organiser la répartition. Les différents intervenants devront cependant trouver un terrain d’entente, la mutualisation régionale à 20 % devenant la règle, écornant légèrement l’image des départements arc-boutés sur leurs volumes. Pour ne pas bousculer trop rapidement le monde laitier, cette répartition ne s’opérera qu’à l’aide des volumes libérés par les Acal. Le projet d’arrêté discuté lors du conseil de direction détaille les conditions de ce mécanisme, mis en œuvre « au bénéfice des producteurs jeunes agriculteurs [...] dont l’exploitation dispose d’une quantité de référence inférieure à la moyenne régionale » ainsi qu’aux producteurs «nés après le 31 décembre 1950 disposant d’une quantité de référence inférieure à 100 000 litres » par exploitant. Lors du vote concernant ce projet d’arrêté, la Confédération Paysanne s’est positionnée contre, déplorant un document « conforme à la volonté d’industrialisation de la production laitière », et ne comportant aucune mesure forte pour assurer en priorité une redistribution aux plus petites exploitations. Mais la majorité des votants ayant pris position pour ce texte, il devrait prochainement être publié.
Destiné à améliorer la gestion des exploitations, il intervient après la publication des chiffres définitifs de la campagne 2004-2005, marquée par une sous-réalisation de 261 390 tonnes. « Sur les 12 dernières campagnes, nous n’avons dépassé que 2 fois notre quantité de référence» s’est félicité Yves Berger, soulignant un bilan plus enviable que bien d’autres pays européens.
Mais si les chiffres de la collecte sont bons, la production et les débouchés ne peuvent pas en dire autant, tiraillés entre la tension sur le lait de consommation et la dégradation continue du secteur des PGC (produits de grande consommation). Voilà un autre chantier ou la problématique est autrement plus difficile.