Lait : cinq scénarios pour la filière en 2020
A l’initiative de CER-France Midi-Pyrénées et de la Chambre régionale d’agriculture, un groupe de prospective, réunissant les principaux acteurs de la filière, a été créé pour réfléchir à l’avenir de la filière bovin lait en Midi-Pyrénées d’ici à 2020. Après avoir fait un état des lieux de la situation, celui-ci a bâti cinq scenarios et plans d’actions.
Le premier est celui d’une « fin programmée » : la filière décline progressivement jusqu’à la fin des quotas, puis s’éteint à partir de 2020. « Jusqu’en 2015, celle-ci n’a pas réussi à enrayer la baisse de production annuelle de 2 %, subie depuis le début des années 2000, écrit le groupe de travail. Sous l’effet de l’augmentation de la taille des élevages et de la baisse de la production régionale, le nombre d’éleveurs a chuté de 30 %. » En 2015, avec la disparition des quotas, la production diminue de 4 % par an, au profit de régions aux coûts de production moins élevés. Les derniers industriels encore présents ne parviennent plus à rentabiliser leur outil de production et quittent la région rapidement.
Le deuxième scénario est celui de l’adaptation volontaire des acteurs de la filière qui font preuve d’anticipation. En 2020, la production laitière se concentre principalement sur les Piémonts, rassemble des élevages restructurés et de taille plus importante depuis la disparition des quotas. Globalement, il reste le tiers des élevages. Ils ont contractualisé avec des transformateurs qui ont pu se maintenir grâce à une optimisation de leurs outils de transformation et une rationalisation des coûts de collecte. L’étude imagine ensuite la création d’une « milk valley », pour laquelle la filière laitière est devenue « un véritable laboratoire d’innovation pour les alicaments ». Avec le Conseil régional, celle-ci investit dans un outil de prospection et de veille, afin de capter les niches de marché potentielles. Sont alors identifiées les possibilités de faire des laits spéciaux selon différents types de génotypes, d’âges, de modes de vie, de maladies et de climats. De ces projets naissent des PME et de nouvelles marques pour développer des gammes de produits « terroir et santé » incorporant les principes actifs de ces laits spéciaux.
Eco-relocalisation
Le 4 e scénario met en avant l’éco-relocalisation, avec coup de frein sur la mondialisation et rapprochement des consommateurs, des activités de production, transformation et de distribution, pour limiter l’impact des transports. La population de la région ayant augmenté, la production peine à répondre à la demande en produits laitiers. Enfin, dans le 5e scénario, l’éleveur devient entrepreneur rural et transforme son lait à la ferme, qu’il vend en direct à la population locale, plus nombreuse. L’activité laitière des exploitations est majoritairement tournée vers des produits labellisés et de niches, et souvent complétée par des services. La balle est maintenant dans le camp de la filière.