L’agroalimentaire sort son épingle du jeu
La ministre déléguée au commerce extérieur Christine Lagarde a beau insister sur les 387 Mds Eur qu’ont rapporté les exportations en 2006, c’est bien le déficit commercial de notre économie qui retient l’attention dans les résultats annoncés vendredi dernier. Avec la hausse de la facture énergétique, les importations ont grimpé de 10 % en valeur alors que les exportations ne progressent que de 8,6 %. Résultat : le déficit commercial français frise les 30 Mds Eur. En progression de 6,7 % les exportations agroalimentaires ont pourtant nettement redressé la barre, après cinq années de quasi-stagnation. Longtemps à la traîne, le secteur compte aujourd’hui parmi les locomotives de l’entreprise France.
En berne depuis 2000, les exportations agroalimentaires sont reparties nettement à la hausse en 2006. On enregistre près de 7 % de progression sur l’ensemble du secteur, avec +9,6 % sur les produits agroalimentaires et +9,3 % sur les céréales transformées et les aliments pour animaux. Au total, la France a exporté en 2006 pour 43 Mds Eur de produits agroalimentaires, dont les trois quarts sont imputables aux industries de transformation tandis qu’un quart provient de produits agricoles bruts. A l’inverse du solde global du commerce extérieur, très déficitaire, le solde du secteur agroalimentaire présente un excédent commercial de 8,8 Mds Eur, dont 7,8 proviennent exclusivement des vins et spiritueux.
Citant Philippe Casteja, le président de la fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), Mme Lagarde a noté la belle performance des vins français, qui représentent « 90% des excédents de l’industrie agroalimentaire et l’équivalent en valeur de 300 rames de TGV duplex ». Les ventes dans le secteur ont encore progressé de près de 12 % cette année. Plus précisément, les exportations de produits agroalimentaires augmentent de 22,1 % vers le Canada, de 9,7 % vers l’Italie, de 8,8 % vers l’Espagne et de 3,5 % vers l’Allemagne (10 % de parts de marché). Sur la même période, les exportations agroalimentaires vers les Etats-Unis bondissent de 19,4 %, avec le boum des ventes de vins, de champagne et de cognac. La Russie et Singapour enregistrent également de fortes croissances sur les produits de luxe.
Vers l’Inde, la France reste un intervenant mineur – le marché ne représente que 0,7 % de nos contrats agroalimentaires avec l’étranger – mais enregistre cependant une hausse de 38% des ses exportations globales avec une belle percée des céréales.
Quelques marchés très dynamiques
Dans l’ensemble, les produits agricoles connaissent cependant une situation moins favorable que les produits agroalimentaires. En valeur, ils progressent de 2,3 % à l’export avec de fortes disparités entre le marché européen plutôt orienté à la baisse (exception faite de l’Italie et de l’Allemagne) et les pays d’Afrique du nord en forte progression. Alors qu’elles régressaient en 2005, les importations japonaises en céréales françaises ont augmenté de près de 40% l’an passé. Belle progression également pour les abats à destination de la Chine, un marché restreint mais prometteur. Malgré l’embargo sur le bœuf, les parts de marché de la France sur ce créneau sont passées de 0 à 40% depuis 2004 ! Il s’agirait essentiellement d’abats de porc, des produits mal valorisés en France et que l’industrie agroalimentaire chinoise utilise de manière transformée. A noter que pour exporter ces produits, les opérateurs français doivent désormais se soumettre à un agrément spécifique des autorités chinoises, comme c’est déjà le cas pour les produits destinés à la consommation directe.
En 2007, le prix du pétrole et le cours de l’euro devraient encore largement déterminer les performances du commerce extérieur hexagonal, notamment pour l’agroalimentaire. La santé des vins et spiritueux français à l’export sera également déterminante.