L'agroalimentaire reste fragile
Guillaume Garot a « fait le job », « il a mouillé sa chemise », voilà ce que l'on pouvait entendre la semaine dernière du côté des professionnels de l'agroalimentaire. Regrettent-ils pour autant le non renouvellement de son poste (que la nomination de sa directrice de cabinet, Corinne Orzechowski, comme déléguée aux IAA, ne comble pas tout à fait) ? Déçu, Jean-Philippe Girard, président de l'Ania, a nuancé le 10 avril devant la presse en expliquant comprendre, « en tant que patron », les choix faits par le gouvernement. L'équipe resserrée de Manuel Valls, pour plus « d'efficacité », n'est pas pour déplaire aux patrons. D'autant plus, qu'elle correspond à la volonté affichée de procéder à 50 milliards d'euros d'économies d'ici à 2017. Afin, selon une demande répétée des chefs d'entreprises français, de réduire le coût du travail. Après le CICE, le nouveau chef du gouvernement a promis pour les employeurs de salariés au Smic, la suppression des cotisations patronales à l'Urssaf au 1er janvier 2015. À cet allègement des charges s'ajoutera le 1er janvier 2016 une baisse des cotisations salariales pour les salaires jusqu'à 3 fois et demi le Smic. Des mesures intéressantes, mais un calendrier qui pose problème, selon l'Ania, estimant encore à 1 000 le nombre d'emplois sous tension dans l'agroalimentaire. Malgré la loi Hamon, la guerre des prix fait toujours rage dans la grande distribution, et la rentabilité des entreprises s'amoindrit dans certains secteurs. Selon Jacques Dupré, du paneliste Iri, il n'y a toujours pas d'amélioration en vue. Alors certes, le contrat de filière est en route, les défaillances d'entreprises sont en suspens, mais la situation reste fragile… Stéphane Le Foll devra encore veiller sur les entreprises agroalimentaires. Espérons qu'il utilisera sa place privilégiée au sein du gouvernement pour faire pencher la balance en faveur des industriels dans le dossier toujours très « chaud » des négociations commerciales, alors que la loi permet désormais à l'administration de prendre des sanctions.