L’agroalimentaire breton, c’est sport !

La coupe de France de football est la propriété pour un an de l’En avant Guingamp, vainqueur contre Rennes d’une finale 100 % armoricaine. Les observateurs extérieurs se sont étonnés de la victoire d’un bourg de 8 000 habitants sur une capitale régionale dont le club est, en outre, la propriété d’un géant de la finance, François Pinault. Pas nous. Car cette conquête n’était rien moins que préméditée. Le triomphe de l’équipe guingampaise tient à l’opiniâtreté indéfectible de son président, Noël Le Graët. Une pugnacité commune aux chefs d’entreprise du pays guingampais, de ceux qui ont constitué au cœur d’une région qui avait peu d’atouts économiques et géographiques à faire valoir, une petite Silicon Valley agroalimentaire. Noël Le Graët, discret patron de Celtigel, PME spécialisée en produits de la mer et surgelés, a pris la tête du club local en 1972. Et s’il a abouti au résultat que l’on connaît, c’est après des décennies de mandats parfois ingrats. Son éviction, il y a dix ans, de la présidence de la Ligue nationale de football par Gérard Bourgoin, le cador bourguignon de la volaille (également engagé dans le foot à l’époque, à Auxerre) ne l’a pas fait dévier d’un iota dans ses ambitions. Pas plus qu’une douloureuse descente en Ligue 2. Quinze jours avant le triomphe guingampais, un autre chef d’entreprise breton, Michel Jestin, avait réussi à hisser son modeste club de Vannes à la finale de la coupe de la Ligue de football. Ses déboires avec un autre club, Brest, ne l’avaient pas fait renoncer pour autant. On vous le dit, l’agroalimentaire comme le foot, en Bretagne, c’est un état d’esprit !