L'agriculture en ville, vraiment ?
« L'agriculture en mouvement » a été choisie comme thème par les organisations du Salon international de l'agriculture pour la 51e édition qui ouvrira ses portes le 22 février prochain. Et derrière cette thématique générale seront exploités l'axe international, l'innovation technologique... et l'agriculture urbaine ! L'architecte Augustin Rosenstiehl est venu expliquer le projet le 7 janvier devant la presse. Il milite pour « ramener de l'agriculture en ville ». « Une pratique très ancienne », rappelle-t-il. Au Sia, seront ainsi présentés le projet de ferme maraîchère à Romainville ou encore le développement d'un potager sur les toits de l'école AgroParisTech. « La ceinture verte de la ville a toujours alimenté » les citadins, et aujourd'hui, elle est « un défi à la pollution, à la densification, à la qualité de vie dans ces villes qui ne font que grandir », explique celui qui préside le Laboratoire d'urbanisme agricole (Lua). Remettre un peu de verdure dans les villes ou encore développer les ateliers pédagogiques avec les petits citadins, pour leur réapprendre le lien avec la terre, semblent des idées intéressantes. Mais ces projets ne relèvent-ils pas plus du jardinage que de l'agriculture ? Tous ces Franciliens qui ont décidé de monter un poulailler au fond de leur cour méritent-ils d'être qualifiés d'éleveurs ? Disposer d'un jardin ouvrier, fait-il de nous un maraîcher ? On sait que les agriculteurs, les vrais, n'aiment pas être comparés à des jardiniers du paysage. Comment réagissent-ils face à cette utopie de l'agriculture urbaine ? Ses promoteurs le reconnaissent eux-mêmes, « la rentabilité du modèle reste à prouver », sans compter les multiples difficultés d'ordre sanitaire, d'accès à l'eau ou de pollution. L'avenir ne passe-t-il pas plutôt, entre autres, par des villes plus densifiées, moins étalées, et le retour à une agriculture périurbaine performante pour alimenter des circuits courts en complément de l'approvisionnement classique ?