L'agneau des Pyrénées en quête d'IGP
Les Marchés : Votre dossier est arrivé à Bruxelles, il y a six mois, pourquoi avoir tant tardé ?
Michel Arhancet : Nous avons eu notre Label Rouge en 1996. À l'époque, nous voulions asseoir notre produit au plan national en Label Rouge avant de partir vers l'IGP. Mais l'IGP étant obligatoire puisque nous avions un label et une dénomination géographique, nous avons entamé les premières démarches.
En 2000, nous souhaitions faire une IGP transfrontalière avec nos voisins basques, navarrais et aragonais, mais après consultation, nous nous sommes aperçus qu'ils étaient déjà partis dans la démarche d'IGP sous le nom de cordero de Navarra. C'est pour cela que nous avons perdu du temps. Nous avons ainsi pris la décision de partir seuls, mais les Espagnols ne voulaient pas que nous utilisions la dénomination Navarre française ni le terme Pyrénées.
En conséquence, la France a fait opposition au dossier espagnol, puis, par la suite, a levé son opposition, ce qui a permis aux Espagnols d'obtenir l'IGP. Aujourd'hui, il serait mal venu qu'ils fassent opposition à leur tour puisque nous avons levé la nôtre, d'autant que nous ne portons pas le même nom géographique qu'eux, toute confusion est ainsi impossible.
L.M. : Quel est le type d'agneau ?
M.A : Il s'agit d'un agneau issu de races locales basco-béarnaises et manechs tête noire et tête rousse, les mêmes qui servent à produire l'Ossau-Iraty.
D'ailleurs nous sommes sur la même zone géographique que le fromage AOP, c'est-à-dire les communes du Département des Pyrénées-Atlantiques situées au sud du gave de Pau et les communes limitrophes du Département des Hautes-Pyrénées.
Ce sont des agneaux abattus à 45 jours maximum car à partir du cinquantième jour, il y a un changement dans le tube digestif, la caillette disparaît et c'est la panse qui prend le relais pour qu'ils puissent brouter. Ainsi, nous sommes sûr que l'agneau est élevé uniquement au lait de sa mère. La période s'étend de novembre à mai, ce qui permet d'inclure Pâques et Noël.
L.M : Quels types de marchés visez-vous ?
M.A : Nous cherchons à nous étendre à l'export, d'où notre démarche d'IGP, car le Label Rouge n'est pas connu hors de nos frontières. Notre principal marché export est l'Espagne, puis le Japon et l'Europe du Nord. En ce sens, nous serons présents au Sial, aidés financièrement par l'AAPRA (NDLR : Association Aquitaine de Promotion Agroalimentaire) sur la communication générique. Ce produit est très bien adapté à une consommation festive et nous cherchons à le développer. Aujourd'hui, la GMS augmente plus vite que les magasins traditionnels. Nous notons également un intérêt certain de la restauration pour notre produit.