L’Afssa confirme l’effet néfaste de la pub sur les enfants
A l’heure où nous mettions sous presse vendredi, nous ne savions pas si le Sénat allait assouplir ou non le texte adopté en 2e lecture à l’Assemblée nationale sur la loi de politique de santé publique. Ce texte prévoit d’encadrer la publicité télévisée pour les produits riches en sucre et en graisse à destination des enfants et des adolescents et d’interdire les distributeurs automatiques de confiseries et de sodas dans les établissements scolaires. Les sénateurs étaient en tout cas fortement incités, vendredi, à ne pas faiblir sur le dossier de l’obésité, que ce soit par les associations de consommateurs, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) et même le gouvernement (lire LM du 9 juillet). « L’interdiction de la publicité alimentaire à destination des enfants est une mesure cohérente et proportionnée», affirme l’Afssa, études scientifiques à l’appui. Selon un rapport de l’université de Strathclyde pour l’agence de sécurité alimentaire britannique, la publicité télévisuelle entraînerait une augmentation de consommation sur les produits de la marque en question mais aussi sur l’ensemble des produits de la catégorie. Si l’enfant de moins de dix ans peut paraître autonome et maître de ses choix, les scientifiques anglais estiment que « la majorité des enfants n’a pas de regard critique sur la publicité et ce d’autant que celle-ci prend la forme de dessins animés et leur donne un rôle valorisant».
Plusieurs pays d’Europe ont tranché
En France, la proportion de spots alimentaires destinés aux enfants est de 62% en moyenne le mercredi (et même 77% sur la chaîne la plus appréciée qui leur est dédiée) et la moitié des publicités pour enfants concernent les produits sucrés et chocolatés, les bonbons et les boissons, notamment sucrées. L’Afssa fait le parallèle dans son avis avec l’explosion de la consommation de ces produits en France depuis cinq ans : +84% pour les viennoiseries, +24% pour les biscuits sucrés et +17% pour les sodas et jus de fruits. Un tiers des enfants et près de 40% des adolescents boivent des sodas au déjeuner et au dîner. Ces déséquilibres, qui se sont accentués ces dernières années, combinés à une augmentation du temps passé devant la télévision auraient conduit à l’augmentation de l’obésité en France. Selon l’Afssa, l’obésité et à un moindre degré, le surpoids, sont à 70% déterminés par le mode de vie et touchent 19% des enfants français. Devant ce véritable fléau, l’agence soutient l’idée d’une régulation de la publicité télévisuelle pour les aliments destinés aux enfants. Une mesure qui a déjà été prise dans plusieurs pays d’Europe.
En Suède, la publicité destinée aux enfants est interdite. Au Luxembourg et en Belgique, elle est interdite 5 minutes avant et après les programmes pour enfants. En Italie, les dessins animés ne peuvent être interrompus par des écrans publicitaires. Au Danemark, il existe un accord entre l’Etat et la chaîne privée TV2 sur les restrictions de la publicité destinée aux enfants.