La revanche de l’économie réelle
Le scandale Madoff contribuera-t-il à renforcer en 2009 l’économie réelle ? Ce serait justice, tant les secteurs de la production et des services ont souffert cette année des dérives de la bulle financière. L’activité agricole est à même de profiter de ce retournement, si l’on en croit l’intérêt que lui portent des États en quête de valeurs solides ou des fonds d’investissement échaudés par la spéculation sur le crédit. Morgan Stanley et Goldman Sachs, deux banques emblématiques de Wall Street, ont investi ces derniers mois respectivement dans les terres arables en Ukraine et dans des exploitations avicoles en Chine, rapporte l’organisation Grain qui milite « pour la gestion et l’utilisation durable de la biodiversité agricole ». Dans son passionnant rapport, l’ONG publie une impressionnante liste de transactions dans le domaine agro-industriel ; à le lire, c’est à un rush comparable à celui des acheteurs dans les grands magasins à la veille de Noël auquel se livrent États et banques sur l’agriculture. Le rapport révèle un marché mondial de la terre et des activités agricoles dans lequel des fonds suédois mettent la main sur des terres en Russie, des industriels japonais s’assurent de leur approvisionnement en soja au Brésil, et le conglomérat saoudien de la famille Ben Laden signe des contrats pour exploiter 500 000 hectares de rizières en Indonésie. L’activité agricole intéresse donc plus que jamais ; c’est une bonne chose. Encore faut-il que ces investissements s’exercent dans l’intérêt commun des fonds et des États investisseurs et des pays qui cèdent ou louent leurs terres. Le passé récent nous a appris à toujours redouter le pire.