En trois ans, La Coop fédérée, véritable entreprise nationale de l’agroalimentaire de la Belle Province, a participé à la restructuration des exploitations et à la rationalisation des structures agricoles. Elle envisage l’avenir avec un peu plus de sérénité.
La Coop fédérée, fédération des coopératives du Québec, était l’invitée de l’assemblée générale de la première coopérative agricole française, Terrena, le 12 juin dernier à Carquefou (Loire-Atlantique). De futurs échanges devraient avoir lieu entre les deux structures « à la philosophie semblable », notamment au niveau des semences de luzerne et de soja, ont expliqué les responsables des deux coopératives.
Denis Richard, président de La Coop fédérée, a présenté à ses homologues français son projet Chrysalide, qui a vivement intéressé les dirigeants de Terrena. Face à la libéralisation grandissante des marchés agricoles, les membres de la fédération ont réagi depuis 2005 « en sauvant les fermes mais pas les structures ». Le président de la très puissante coopérative canadienne a expliqué que 10 000 exploitations allaient disparaître d’ici à 2015. Près de 20 000 se maintiendraient, dont seulement 6 000 pratiquant l’agriculture à temps plein. Les exploitations laitières, dont le nombre ne devrait guère excéder les 4 000 dans les six ans à venir (contre 6 800 aujourd’hui), auraient en moyenne un cheptel de 200 vaches contre 1 900 pour le voisin américain, une menace qui n’est pas prise à la légère par les Québécois. Ils craignent une distorsion de concurrence si les barrières douanières venaient à disparaître, leur système de droit à produire basé sur la quantité de matière grasse étant potentiellement mis à mal (un cheptel de 51 vaches, la moyenne actuelle des exploitations, a un prix de référence lait de 46,69 €/hl). Les consommateurs remettent également en cause les subventions toujours plus importantes que le gouvernement québécois attribue pour maintenir le revenu des exploitations. Par ailleurs, les coopératives, notamment laitières, sont très endettées. Le ratio d’endettement est passé de 21 % en 1995 à 30 % en 2007.
Désormais, un seul réseau
En moins de trois ans, La Coop fédérée a complètement restructuré les filières et réalisé plus de 22 millions d’euros d’économie. Les « meuneries » québécoises, entendez fabricants d’aliments pour le bétail, sont ainsi passées de 51 structures à 13 seulement. « Nous aurions pu supprimer un échelon dans notre organisation, créer une supercoop au service des agriculteurs, indique la fédération. Mais nous voulions maintenir une certaine proximité avec les sociétaires. C’est pourquoi les coopératives, une centaine, ont toujours pignon sur rue. Mais leur rôle a changé. Elles deviennent les détaillants, et la fédération, le grossiste. Il n’existe plus qu’un seul réseau. Ainsi, les coopératives ne se font plus concurrence entre elles. » Devant le foisonnement des marques créées par les coopératives, un toilettage a eu lieu, fédérant les différentes entités sous l’enseigne de La Coop fédérée. Les bénéfices de la fédération sont distribués pour deux tiers aux producteurs sociétaires et pour un tiers aux coopératives qui décident elles-mêmes de la forme de la restitution qu’elles veulent donner à leurs membres. Résultat, les coopératives sont désormais plus rentables et le prix des fournitures a déjà diminué pour les exploitations.