« La résistance des marchés en 2003 a été remarquable »
LM : Quel bilan tirez-vous de l’activité des marchés en 2003 ? Quelles sont les perspectives pour 2004 ?
Gilles Rousseau : Les apports d’animaux se sont maintenus, avec -0,9 %. C’est la meilleure évolution depuis longtemps, exception faite du redémarrage survenu après la fièvre aphteuse en 2001. L’an dernier, nous sommes retombés sur nos pattes. L’épizootie a porté un coup sévère et du travail reste à faire pour reconquérir ceux qui sont partis.
Les foirails ont besoin de gens dynamiques, capables de moderniser l’outil. Châteaubriant est un bel exemple. Après des travaux récents, le marché est moderne, fonctionnel. Concernant l’activité des premiers mois de 2004, je trouve que c’est bien parti. Les premiers chiffres montrent une stabilité. Des personnes reviennent. L’offre est en baisse et les cours remontent. Difficile de prévoir l’évolution des apports, mais on remarque une plus grande frilosité des acheteurs de broutards pour l’Italie. L’activité des cadrans reste très bonne. Leur intégration dans la FMBV est un succès. D’autres suivront bientôt le mouvement : Ussel va ouvrir en septembre. Moulins-Engilbert s’agrandit. Des marchés de gré à gré envisagent de mettre en place des cadrans. Réticents au départ, les commerçants sont séduits. La vision est différente : c’est celle des éleveurs.
LM : Les notifications de mouvements des animaux suscitent quelques tensions avec les Etablissements départementaux de l’élevage (EDE)…
Gilles Rousseau : Nous ne sommes pas d’accord avec ce que les EDE demandent de payer. Cela correspond, soi-disant, à la gestion des erreurs, des doublons. Les marchés se sont engagés activement dans la notification des mouvements, qui représente une contrainte de plus. Notre informatique doit être reliée directement à la Base de données nationale d’identification (BDNI). Il n’est pas normal de devoir payer des frais supplémentaires. Le coût global des notifications est inacceptable. Nous continuons à travailler sur ce dossier avec la Coopération Bétail et Viandes (FNCBV), dont le point de vue est identique. Concernant l’identification ovine, je souhaite que les marchés soient impliqués dans l’expérimentation électronique. La solution à adopter doit être efficace. Sur un foirail, 2 à 3 000 ovins peuvent être débarqués en une demi-heure. Cela implique l’utilisation de moyens performants.
LM : Quelles sont vos préoccupations sur le dossier du bien-être des animaux ?
Gilles Rousseau : La modification des règles de transport peut avoir des incidences redoutables, en perturbant le commerce des animaux. Attendons les résultats du conseil agricole du 26 avril à Bruxelles.
Un autre sujet d’inquiétude vient de la remise en cause de l’agrément des centres de rassemblement d’animaux. La DGAL ne doit pas durcir les conditions. Qu’elle s’attache d’abord à faire appliquer les règles existantes ! Les marchés aux bestiaux et les centres d’alottement doivent être logés à la même enseigne. En dix ans, tous les foirails ont été mis à niveau, avec la mise en place de stations de lavage, de désinfection, la présence de vétérinaires, de personnel qualifié. Un bilan montrerait que les choses vont bien.
LM : Où en est votre recours en Conseil d’État sur la réforme de l’organisation économique ?
Gilles Rousseau : Il est carrément ignoré. Quand la plus haute juridiction française tranche, son jugement doit être appliqué. En plus, j’ai un retour de bâton. Mon association est la seule à ne pas être reconnue en tant qu’organisation de producteurs. C’est une histoire cousue de fil blanc. La réforme de l’organisation économique est source de complexité et elle n’est pas équitable. Les groupements sont agréés ; pour les associations fréquentant les marchés, c’est beaucoup plus dur.
LM : Que retenez-vous de la réforme de la Pac ?
Gilles Rousseau : Le danger vient des différences d’options entre les Etats membres. Ceux qui ont opté pour le découplage total seront plus réactifs. La même erreur a déjà été commise il y a vingt ans dans le secteur ovin, quand la France et le Royaume-Uni avaient des systèmes divergents.