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La rentabilité des acteurs de l'ultrafrais continue à se dégrader


Jean-Philippe Girard, président de l'Ania (en bas) et Pierre Girier, président du Syndifrais et directeur général de Triballat-Rians (en haut), ont milité le 27 mars, lors de l'AG de Syndifrais, pour que la grande distribution desserre l'étau sur le secteur.
Les industriels se disent dans une situation difficile face à la hausse des matières premières et à une consommation en berne. Syndifrais alerte sur la situation et appelle l'ensemble des acteurs à un partenariat durable.

Les produits laitiers frais sont moins chers qu'il y a dix ans. Et cette baisse est financée par les marges déjà faibles des industriels laitiers. La grande distribution utilise les produits laitiers frais pour faire la guerre des prix », constate inquiet Pierre Girier, président du Syndifrais, par ailleurs, directeur général de la société Triballat-Rians. « La grande distribution doit desserrer l'étau », ajoute-t-il. Le syndicat « appelle la grande distribution à tenir compte des réalités économiques, afin de pouvoir rémunérer le lait de leurs producteurs au juste prix, effectuer les investissements nécessaires et préserver leurs emplois », indique-t-il dans un communiqué. Depuis deux ans, le marché français des produits laitiers frais a baissé de près de 110 000tonnes, soit l'équivalent de la production annuelle de deux ou trois sites industriels, annonçait déjà fin 2013 le syndicat. L'année dernière, le marché de l'ultrafrais a reculé en valeur de - 2,3 % et de - 3,2 % en volume. « La catégorie souffre », martèle Pierre Girier. Le marché de l'ultrafrais a toujours affiché des résultats négatifs tout au long de l'année 2013. Le hard-discount qui assure 16 % des ventes du marché en volume contribue à lui seul à 47 % des pertes, les supermarchés contribuent à hauteur de 33 % et les hypermarchés à hauteur de 20 %. À noter que cette situation est imputable quasi exclusivement aux marques de distributeurs, précise le syndicat.

Des fabricants pris en tenaille

Face à ce marché en berne, les industriels se disent pris en tenaille entre une augmentation du prix du lait payé aux producteurs et des prix à la consommation stables ou en baisse. Le prix moyen du lait payé aux producteurs de 344 euros pour 1 000 litres en 2013 a augmenté de 9,3 % par rapport au prix moyen de 2012. En parallèle, les prix de vente « sortie usine » sont estimés « déconnectés des réalités économiques ». Selon l'Insee cité par Syndifrais, les prix « sortie usine » des yaourts ont augmenté de 1 %, tandis que les prix de vente consommateurs sont eux en déflation. Si les prix de vente consommateurs sont restés quasiment inchangés entre 2012 et 2013 pour l'ensemble du marché, ils ont baissé de 1,9 % pour ” les marques nationales et sont restés stables pour les marques de distributeurs. Ceux des autres marques ont progressé significativement de 3,5 %.

RECUL DE LA CONSOMMATION

En 2013, les ventes en volume des produits laitiers ultrafrais ont reculé au global de 3,2 % à un peu moins de 1,8 million de tonnes. Tous les segments semblent avoir souffert d'un recul de la consommation, la mauvaise santé du hard-discount étant pour beaucoup dans cette chute de la consommation. Si les ventes sont restées à peu près stables en hypermarchés, elles ont chuté en supermarchés et en hard-discounts. Les plus fortes baisses sont à noter sur le segment des yaourts allégés qui peinent toujours (-5,6 %) et sur le segment des probiotiques (-7,7 %). Pourtant, le nombre moyen de références en linéaires entre 2007 et 2013 en hypers et supermarchés a eu tendance à augmenter, légèrement pour les yaourts et probiotiques et les fromages frais, plus fortement pour les desserts lactés.

La majorité des acteurs de MDD sont en perte"

Les marques nationales plutôt stables

Cette situation semble avoir dégradé de manière prononcée la rentabilité des acteurs de la filière, principalement les fabricants de marques de distributeurs. « Je peux vous dire que la majorité des acteurs des marques de distributeurs sont en perte. La rentabilité des industriels s'est dégradée en 2013 et cela continue en 2014 », a déclaré Jérôme Servières, directeur général de Yéo Frais, filiale de 3A et de Sodiaal dédiée à l'ultrafrais sous marques de distributeurs, lors de l'assemblée générale de Syndifrais le 1er avril dernier. En 2013, les ventes en volume des produits ultrafrais de marques nationales sont restées quasiment stables (-0,6%) pour une part de marché de 52 % en volume, tandis que celles des marques de distributeurs ont nettement chuté de 6,6 % pour une part de marché de 44 % en volume.

Vers un contrat acheteur responsable ?

En octobre 2013, Syndifrais alertait déjà sur cette situation « de plus en plus intenable » pour la filière. « Les efforts de productivité, pourtant déployés chaque année par le secteur des produits laitiers frais, ne suffisent plus à donner la rentabilité nécessaire pour financer les investissements. Sans rééquilibrage dans les mois à venir, ce secteur, dont la majorité de la chaîne de valeur est située en France, devra inéluctablement se concentrer et réduire ses outils de production. L'offre s'appauvrira, plusieurs milliers d'emplois seront menacés, ainsi que la dynamique des régions où sont implantés les 57 sites industriels de la filière », indiquait alors le syndicat dans un communiqué.

Les efforts de productivité déployés par le secteur ne suffisent plus à donner de la rentabilité"

Invité à s'exprimer lors de l'assemblée générale du syndicat, Jean-Philippe Girard, président de l'Ania, a indiqué qu'il n'était pas pensable «de repasser encore trois ans comme ça». Évoquant les «faibles avancées sur la loi de Modernisation de l'économie», il a estimé que les règles devaient changer. Il doit d'ailleurs rencon” trer le président François Hollande le 15 avril prochain en présence d'un certain nombre de dirigeants d'entreprises, dont Olivier Delamea, directeur général de Danone Produits Frais France. «C'est un jeu de massacre avec la grande distribution. Cela occupe 70% de mon temps depuis le début de mon mandat. J'ai déjà rencontré les dirigeants d'enseignes, hormis Michel-Édouard Leclerc que je n'ai pas pu voir pour l'instant. Mais il y a une différence entre le discours des dirigeants et la réalité de celui des acheteurs. L'enjeu est là. Je n'ai rien contre le projet de fournisseur responsable, mais il faut aller plus loin sur l'acheteur responsable», a-t-il indiqué.

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