La présentation de la norme Afnor annulée au salon halal
La 5 e édition du salon de l’alimentation halal n’aura pas été celle de la clarification et de la normalisation de ce marché en progression. Annoncée depuis plusieurs mois, la présentation en avant-première de la norme halal Afnor (lire LM du 16/11/07) n’aura finalement pas eu lieu. « Il y a eu quelques corrections de tir », a brièvement expliqué Abderrahman Bouzid, chargé de mission chez Casino pour les projets halal, jouant le rôle de médiateur dans ce qui devait être un grand débat halal, mercredi, au salon Foods and Goods (à Paris, Porte de Versailles). Portée par Maurice Ribonet, directeur des ventes de la société Progetto 2000, la démarche de normalisation du halal n’a pas encore dépassé la première phase d’étude de faisabilité, faute d’avoir réuni l’ensemble des fonds suffisants. Selon nos informations, le volailler Duc et le spécialiste de l’emballage Franpac seraient d’accord pour s’engager dans la démarche. Une fois les fonds réunis, la phase rédactionnelle de la norme devrait rassembler autour de la table tous les acteurs concernés. Une étape qui s’annonce délicate à la veille d’élections au conseil français du culte musulman (CFCM).
Pourtant, les consommateurs musulmans réclament de plus en plus d’information sur les produits étiquetés halal. « Aujourd’hui c’est mission impossible de s’y retrouver. Les faiseurs de halal nous doivent l’information sur la technicité de ce qu’on met dans le halal », a ainsi témoigné, mercredi, Abdelaziz Dispigno, président de l’association de sensibilisation, d’information et de défense de consommateurs musulmans (Asidcom), créée en octobre 2006. Et pour lui la « question qui fâche , ce sont les techniques de mise à mort des animaux avec ou sans électricité ».
Débat autour de l’électronarcose
L’Asidcom se prononce clairement contre l’électronarcose des animaux. L’association, qui n’a pas été conviée au Grenelle de l’animal, a rédigé un rapport bibliographique sur l’abattage rituel et le bien être de l’animal. Elle s’apprête à l’adresser à tous les membres d'«animal et société» et en particulier à Claude Milhaud, vice-président du groupe «animal, économie et territoire». Ce rapport cite, entre autres, la thèse vétérinaire de S. Poullaude (1992) : «bien réalisé, l’abattage rituel est la façon la plus humanitaire car la moins traumatisante de mettre à mort un animal pour consommer sa viande». L’Asidcom craint que des associations comme l’OABA ou la fondation Brigitte Bardot profitent du Grenelle de l’animal pour encourager une modification de la directive 93/119/CE en faisant interdire la dérogation aux normes européennes qui rendent obligatoires les techniques de l’électronarcose ou de l’assommage des bêtes de boucherie. L’association se montre aussi plutôt réticente à la norme halal Afnor qui a prévu l’usage de l’électronarcose dans le process d’abattage des volailles. Le thème de l’abattage rituel musulman sera au cœur d’une nouvelle conférence organisée mardi prochain à Paris par l’association de certification AVS avec annoncés Dr Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA et Denis Simonin, Commission européenne (DG-Sanco).