La Porcherie verte n'est pas forcément bienvenue au « club »
On n'est pas toujours d'accord, y compris dans un même club. Celui des « amis du cochon » en a fait l'expérience mardi lors d'un débat sur le programme de recherche Porcherie verte. « Qu'est ce qui va encore nous tomber dessus ? », a lancé Guillaume Roué, président d'Inaporc. « Les premiers travaux ne sont pas encore terminés que d'autres se profilent ». Il s'est plaint du constant décalage entre le moment où un problème apparaît en production porcine et celui où une solution technique est trouvée. « Les éleveurs font des progrès considérables, qui ne sont jamais reconnus. Nous sommes des mal-aimés », s'est-il lamenté.
Exemple avec la qualité de l'eau et la pollution par les nitrates. La réponse, une dizaine d'années plus tard, a été de développer le traitement du lisier. « Nos efforts ne se sont pas forcément traduits par une meilleure image, a estimé Guillaume Roué. On sera toujours en train de courir après un idéal. Mieux vaudrait faire une pause ». A priori du même avis, Paul Auffray, secrétaire général de la Fédération nationale porcine (FNP), a expliqué comment il avait évolué. « La Porcherie verte est née en 1999, en pleine crise sur le marché du porc et en pleine tempête sur l'environnement, a indiqué le syndicaliste. Notre production était mal vue par les riverains, la société, les media, le monde politique. Résultat, on avait les nerfs à vifs. Ce nouveau programme de recherche était perçu comme une agression et donnait le sentiment que de nouvelles sanctions en découleraient. On ne voulait pas d'une approche politique, idéologique, qui ne tienne pas compte des contraintes de l'exploitation ».
Tenir compte des contraintes
Les premières réunions avec les chercheurs ont d'ailleurs confirmé ses craintes. Cela n'a pas incité les éleveurs à y participer. Mais, Paul Auffray a progressivement pris conscience des opportunités à saisir. « Les travaux ont permis de mettre à plat des problèmes qui n'arrivaient pas à être réglés. Ils constituent une formidable boîte à outils au service du développement porcin ».
Jean-Yves Dourmad, chercheur à l'Inra, a détaillé les principaux résultats obtenus. Des programmes à vocation environnementale ont montré qu'il est possible de caractériser les atmosphères de porcherie et de quantifier les odeurs émises par des méthodes instrumentales simples, objectives, rapides, plutôt que par des méthodes sensorielles. Cela permet de créer une base objective permettant de développer une neutralisation des odeurs qui nuisent à l'image de l'élevage porcin.
Concernant l'influence de l'alimentation sur le devenir des déjections porcines, la diminution de la teneur en protéines de l'aliment donné aux animaux entraîne une réduction importante de la volatilisation d'ammoniac à partir ses lisiers. Un tiers d'azote en moins dans les lisiers est obtenu avec un taux de protéines qui passe de 16 % à 12 % dans les rations.
Les teneurs alimentaires du cuivre et du zinc peuvent être optimisées pour les rejets de ces éléments dans l'environnement tout en maintenant les performances et la santé des animaux grâce à des apports uniquement au sevrage. Cela aboutit à moins 90 % du cuivre et du zinc dans les lisiers. Les rejets de phosphore peuvent aussi être réduits en surveillant de près l'alimentation des animaux. Moins 20 % à moins 30 % de cet élément sont obtenus dans les lisiers.