La plus Normande des deux n’est pas celle qu’on pense
Le concours national de la race Normande se déroulait dans le cadre du Space la semaine dernière, et pour qui n’avait pas suivi son évolution au jour le jour, le choc était rude. Sur les panneaux de performances des animaux d’abord : la production laitière des meilleures vaches n’a plus rien à envier aux holsteins, avec des lactations qui peuvent parvenir à 8 500 kg – disons que des lactations à 7 500 kg sont devenues fréquentes chez les Normandes en sélection. Encore un effort, camarades normands, et l’on va approcher les 10 000 kg. Le problème est que ce que la Normande gagne en lait, elle semble bien le perdre en viande. Sur certains modèles, on commence à voir des arrières trains resserrés en porte-manteaux, avec des masses musculaires réduites. On voudrait voir les carcasses issues de cette orientation génétique, mais on sait à quoi s’attendre. Nous croyons même avoir compris que cette évolution des standards commence à poser des problèmes à l’intérieur même de l’UPRA Normande, où certains responsables sont conscients du danger de cette dérive. Car la Normande aura toujours du mal à rivaliser avec les vaches noires en pure productivité laitière, tandis que des races exogènes, Blonde d’Aquitaine et même Salers, commencent à marginaliser les croisements charolais x normands en boucherie dans l’Ouest.
Autre signe du danger qui guette la Normande : la montée en France, discrète mais régulière, de la race Simmental, originaire de Suisse et plus connue en Allemagne sous le nom de Fleckvieh. Cette excellente race à deux fins, déjà très prisée de la boucherie et de la restauration à Paris et dans le couloir rhodanien connaît une expansion verticale dans notre pays, où le nombre de vaches atteint 28 000, dont 14 000 en contrôle laitier, soit une progression de +40 % depuis dix ans. Mais la Simmental ne donne « que » 5 à 6 000 kg de lait : évidemment, elle n’est pas implantée dans la région des AOC laitières normandes, cela la protège sans doute de quelques excès.