La Pac face au Farm bill
C'est fait, Barack Obama a promulgué le 7 février le nouveau Farm bill pour la période 2014-2018. La politique agricole américaine prend désormais une direction très différente de celle récemment adoptée par l'Union européenne. Exit les paiements directs, au cœur de la nouvelle Pac, et place aux assurances contre la volatilité des prix et les mauvaises récoltes. « Le système est conçu pour que les agriculteurs n'y perdent pas. Désormais, c'est très dur de perdre de l'argent en étant agriculteur aux États-Unis si vous prenez toutes les assurances qu'on vous propose. On crée un système où, si les agriculteurs produisent plus, ils vont gagner plus », indique un chercheur de l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (Ifpri) à Washington (David Laborde). En Europe, sous la pression des citoyens-consommateurs, la tendance est au produire autrement, plus vert, mais également à la libéralisation des marchés. Comment ce choc des cultures va-t-il se traduire à l'OMC et plus spécifiquement dans l'accord bilatéral actuellement en cours de négociation entre les deux puissances agricoles ? L'agroalimentaire européen arrivera-t-il à se protéger contre la pression américaine grandissante, avec des arguments tels que l'origine ou la qualité ? L'inquiétude grandit côté producteurs français. De plus en plus de responsables se projettent en 2020, préférant déjà enterrer l'actuelle Pac dont ils pressentent les effets pervers. Il faut dire qu'en dehors des plus petites exploitations, que le gouvernement français semble vouloir protéger, les agriculteurs seront de plus en plus exposés à la volatilité des prix. Un atout toutefois mériterait d'être davantage exploité : les agriculteurs français disposent d'une bonne image auprès du grand public (peut-être meilleure qu'aux États-Unis, où la gronde anti-OGM monte). Les différents maillons de la chaîne agroalimentaire pourraient en profiter pour mieux valoriser leur savoir-faire auprès du consommateur. Mais à condition qu'ils se décident enfin à s'entendre…