La manifestation de Clermont fera date
A 9 h 30, les agriculteurs du Massif Central ne sont qu’une poignée place du 1 er mai à Clermont-Ferrand. 10 h 15, les cars déboulent, chargés à bloc. 180 cars de 50 places selon les organisateurs. « Nous avons compté 20 000 personnes au départ », clame Pierre Chevalier, président de la Fédération Nationale Bovine (FNB). Les autres sont venus en voiture comme Michèle Deslevaux présidente de la Fédération Régionale Ovine qui a amené une dizaine de brebis avec elle dans sa remorque. Avec ses 535 brebis au pied du Puy-de-Dôme sur 57 ha, elle ne gagne pas plus de 700 euros par mois. « Cela fait 6 mois que c’est mon mari qui fait vivre ma famille », lâche-t-elle, illustrant toute la désespérance de la profession.
Un peu plus loin, Nicolas Desbordes est venu du Cher. Il élève 90 vaches allaitantes et 110 brebis-mères depuis 2002 : « Je gagne le SMIC et heureusement que ma femme travaille à l’extérieur. Si elle voulait s’installer avec moi, je refuserais. C’est trop de risques. J’ai ça dans le sang mais les problèmes financiers sont incessants… A force, ça démotive ». Elie Billau de l’Allier a 120 vaches charolaises en vêlage et vend ses broutards en Italie. « Quand je me suis installé en 2006, le contexte était favorable mais depuis 2007, nous sommes touchés de plein fouet ». Deux mauvais exercices et 41 000 euros à rembourser chaque année… « On se serre la ceinture au détriment des revenus ». Son ami Ludovic Bougarl cumule deux emplois pour tenir. En plus de ses 55 vaches allaitantes, il est chauffeur-livreur et rembourse 300 000 euros sur 5 ans. Son avenir : continuer à travailler jour et nuit pour tenir le choc.
Ne pas baisser les bras
Chez tous, la détermination à ne pas baisser les bras est prégnante. Au meeting place de Jaude à deux pas de la Préfecture, Xavier Beulin, vice-président de la FNSEA, lance : « Nous réclamons une plus grande justesse, une plus grande justice. L’élevage représente 3 500 000 emplois en France soit 14 % de l’emploi total, c’est un secteur stratégique ». Jacques Chazalet, président de la FRSEA, livre alors les trois messages de la Préfecture : « Notre revendication sera relayée au cabinet de notre ministre. Une réunion est programmée entre le ministre de l’Agriculture et le préfet de la région Massif Central et le président de la République va recevoir le président de la FNSEA pour trouver des solutions car nous voulons obtenir des réponses ! » Une salve d’applaudissements et les agriculteurs se dispersent dans les fumées des pétards.