La LME va faire baisser les prix, mais aussi les résultats des GMS
Comme souvent, c’est Michel-Edouard Leclerc qui a ouvert le bal des promesses de baisse des prix. La loi de modernisation de l’économie (LME) permettra de limiter la hausse des prix des produits alimentaires à 2 % dans les hypermarchés Leclerc dès décembre, alors qu’elle y a dépassé en moyenne 4 % sur un an depuis janvier, a indiqué Michel-Edouard Leclerc lundi. « Le prix du blé et du lait baisse à nouveau et les distributeurs vont disposer de nouveaux outils donnés par la loi de modernisation, à savoir la capacité de négocier les tarifs avec les fournisseurs », a déclaré Michel-Edouard Leclerc, président du groupement éponyme de distributeurs dans une interview au Parisien lundi.
La loi de modernisation, adoptée cet été, est censée redonner du pouvoir d’achat aux Français par une série de mesures hétéroclites, dont celle autorisant les distributeurs à négocier les tarifs des fournisseurs, ce qu’ils n’avaient pas le droit de faire depuis 1996. « Et je m’engage à ce que de 4,06 % d’inflation annuelle actuelle on passe en décembre à un rythme annuel de 2 % en moyenne. Le consommateur sentira les effets dès les premiers mois de 2009 », a promis M. Leclerc.
L’Insee prévoit une inflation globale de 2,8 % en décembre. Sur un an en juillet, elle avait grimpé de 3,6 %, mais explosé à 6,4 % sur l’alimentation. Selon le cabinet d’études spécialisé Nielsen, les prix des produits alimentaires ont encore augmenté en juillet (+4%), après +3,9 % en juin (lire nos éditions précédentes).
M. Leclerc a indiqué que les tarifs présentés par les fournisseurs « sont nettement moindres qu’en septembre dernier ». Traditionnellement, distributeurs et fournisseurs commencent à négocier les tarifs à l’automne, pour signer des contrat annuels en janvier. Cependant, « certains industriels continuent de prendre les distributeurs pour des gogos. Exemple, Panzani qui a présenté une hausse de 35 % au second semestre 2007, puis 10,5 % au premier semestre 2008, revient aujourd’hui avec des hausses de 10 % alors que le cours du blé se replie », a soutenu M. Leclerc. Il a indiqué avoir donné des consignes aux directeurs d’achat pour refuser des hausses de tarifs supérieures à 2 %.
Leclerc ne veut pas être un « gogo »
Cependant, la grande distribution traditionnelle craint les conséquences de la loi de modernisation de l’économie sur ses résultats. Le groupe Auchan, qui a enregistré un bénéfice net de 174 millions d’euros au premier semestre, se montre pessimiste pour le second semestre. En France, le distributeur s’inquiète de plusieurs dispositions de la LME : réduction des délais de paiement à soixante jours, extension de la Taxe d’aide au commerce et à l’artisanat (Taca), possibilité pour les magasins de moins de 1 000 mètres carrés d’ouvrir sans autorisation (contre un seuil de 300 mètres carrés avant). « Ramener les délais de paiements à soixante jours a un impact négatif de 300 millions d’euros de trésorerie » pour Auchan France, a prévenu Xavier de Mézerac, directeur financier du groupe. Concernant la réforme de la loi Raffarin sur les implantations commerciales, il a estimé qu’elle n’était « pas favorable au tissu industriel français ». Cette réforme « facilite l’implantation du hard-discount (Lidl, Aldi, Leader Price) qui en général fait moins de 1 000 mètres carrés. Or les hypermarchés font appel à des fournisseurs locaux et des PME françaises beaucoup plus que les hard-discounters, dont les fournisseurs sont pour 80 % d’entre eux hors de France », selon Xavier de Mézerac.
De son côté, Carrefour, à la peine en France, mise sur le développement de sa marque de distributeur (MDD), 25 % moins chère que les grandes marques. La part des MDD dans les ventes de Carrefour s’est accrue de 150 points de base en un an, pour s’établir à 30 %. L’objectif est d’accroître sensiblement ces références chaque année. Le directeur général de Carrefour, José-Luis Duran, se réjouit cependant d’un meilleur comportement des consommateurs cet été. « En juillet et août dans nos hypermarchés en France, la tendance des ventes est légèrement meilleure qu’au premier semestre et bien meilleure qu’au deuxième trimestre, à la fois en alimentaire et en non alimentaire », a précisé M. Duran.