La grogne paysanne enfle en Europe face à la crise
De la Grèce à la Bulgarie ou la Lettonie, en passant par la France et l'Allemagne, le mécontentement des agriculteurs européens grandit face à la crise économique qui fait chuter les prix, notamment dans le secteur laitier, embarrassant Bruxelles. C'est en Grèce que la grogne est la plus virulente, depuis plus de deux semaines. Des échauffourées se sont encore produites la semaine dernière à Athènes entre des agriculteurs crétois et les forces de l'ordre. Les exploitants manifestent contre les prix jugés trop bas de leurs produits. Le mouvement a fait tâche d'huile en Bulgarie où des actions ont été menées mercredi dernier. Une centaine d'éleveurs ont bloqué le principal poste-frontière bulgaro-roumain pour réclamer de meilleurs prix d'achat du lait. En Lettonie, le ministre de l'Agriculture a démissionné mercredi sous la pression de la profession. Les agriculteurs veulent des aides avec garantie des prix et moratoire d'un an sur le remboursement des prêts.
La Commission a fini par réagir
La colère se focalise depuis plusieurs mois sur la baisse du prix du lait. Il n'est nullement limité à l'est ou au sud de l'Europe, de nombreuses manifestations ayant eu lieu fin 2008, en Allemagne ou en France. Après avoir atteint un pic fin 2007, le prix du lait à la production a chuté en moyenne de 50 % l'an dernier. « Les agriculteurs sont coincés car les prix faibles mettent en péril leur activité », souligne Marie-Christine Ribera, souligne une responsable de la confédération syndicale agricole européenne Copa-Cogeca, Marie-Christine Ribera. La Commission européenne est du coup sous pression et voit mise à mal la philosophie libérale de la réforme de la Pac qu'elle défend. Elle a ainsi milité pour obtenir le relèvement progressif dans l'UE des quotas laitiers, qui restreignent la production. « On augmente la production au moment où on est déjà dans une situation excédentaire, c'est catastrophique », dit Gérard Choplin.
L'UE vient aussi d'être contrainte de réintroduire dans l'urgence des aides au secteur que Bruxelles voulait enterrer : soutien au stockage pour le beurre et surtout les subventions à l'exportation pour les produits laitiers, au grand dam de ses concurrents comme l'Australie ou l'Argentine. De nouvelles possibilités d'aides sont envisagées aux producteurs les plus fragiles l'an prochain dans le cadre de la Pac.