La frite entre au musée... et dans la controverse régionale
Une fois n’est pas coutume. Flamands et wallons viennent de se retrouver ensemble pour… célébrer la création du « seul et unique musée au monde qui retrace l’histoire de la frite ». Nos amis belges ont savouré ce bref moment de bonheur en reléguant au second plan leurs habituelles querelles politico-linguistiques. Avantage à nos voisins d’Outre-Quiévrain dans ce dilemme qui oppose la France et la Belgique à propos de la paternité de la frite. Mais la France n’a pas dit son dernier mot. La ville de Bergues ne pourrait-elle pas renverser le cours des choses ? Certains se sont bien essayés à entretenir une confusion sur les chemins qui menèrent la pomme de terre d’Amérique Latine en Europe dès le xvi e siècle. Il ne fait plus de doute qu’ils la conduisirent d’Espagne en Italie pour la mener en Belgique. Quant aux Français, ils dûrent sans doute attendre 1 773 et Parmentier pour la découvrir… Sur la frite, les Belges sont unanimes. Mais un doute demeure : Quand ? Où ? Et qui a eu l’idée de jeter un jour un morceau de pomme de terre dans de l’huile bouillante et de l’appeler frite ?
La frite serait née sur la ligne Anvers-Paris
Les deux étages du Friet Museum de Bruges apportent des réponses notamment sur la légende que les wallons véhiculent : un matin d’hiver, les riverains de la Meuse furent surpris par le gel du fleuve qui rendait impossible la pêche des petits poissons qu’ils faisaient frire.
Qu’à cela ne tienne ! Ces hommes jetèrent dans la friture des morceaux de pommes de terre découpés en forme de petits poissons… Et voilà comment le « menu fretin » est devenu frite…
Des professeurs plus érudits expliquent que la frite a été introduite au milieu du xix e siècle le long d’une ligne reliant Anvers à Paris. « C’était une nourriture de fête plutôt chère que les gens mangeaient une à deux fois l’an lors des kermesses organisées dans les villages. Elles étaient cuisinées par des forains qui se déplaçaient d’un endroit à l’autre. Certains devenus sédentaires ont donné naissance aux premières baraques à frites ». Ce que les belges appellent les « fritkot ».
Paul Ilegems, professeur d’art contemporain à l’académie royale d’Anvers en a fait sa spécialité et lui a même consacré un livre ( Frietgeheimen aux éditions Artus). La plus grande salle du Friet museum est ainsi articulée autour d’une véritable baraque à frites.
Le Friet museum est ouvert à Bruges depuis le 1 er mai dernier dans l’un des plus beaux monuments de la ville datant du XIV e siècle. En plus, il est permis de déguster le produit dans les sous-sols … avec de la mayonnaise sur le cornet !