La FNSEA domine, la Coordination perce
La coalition FNSEA/JA a gagné son pari, et même un peu plus. Selon les dernières estimations connues hier après-midi, le syndicalisme majoritaire a largement dépassé la barre symbolique des 50 % aux élections aux Chambres d’agriculture avec un peu plus de 53 %, soit un score supérieur à celui obtenu lors du dernier scrutin, en 2001 (52,79 %). Cette victoire est d’autant plus probante que la participation des agriculteurs au collège exploitant -dont il est question ici- s’est élevée à plus de 65%, un chiffre en hausse par rapport à l’élection précédente.
Les deux syndicats ont frôlé le grand chelem dans les départements. Seuls le Lot-et-Garonne et le Calvados leur échappent. La coalition FNSEA/JA a même obtenu un triomphe très symbolique en Loire-Atlantique, dont la Chambre était détenue historiquement par la Confédération paysanne et que lorgnait particulièrement le président de la FNSEA, le breton Jean-Michel Lemétayer. Il ne cachait pas sa satisfaction lundi soir d’avoir contribué à décrocher ce département (lire également p2)
La Confédération paysanne recule
L’élection – qui s’est déroulée du 20 au 31 janvier dernier – a été également marquée par un très net recul de la Confédération paysanne, syndicat qui avait menacé en 2001 l’hégémonie de la rue de la Baume. Son score national passe de 26 % à 18 %. Un véritable camouflet pour cette formation qui ambitionnait de se présenter, depuis l’émergence médiatique de José Bové à la fin des années 1990 en alternative à la « forteresse » FNSEA.
La Coordination rurale peut en revanche se présenter comme l’autre vainqueur de cette élection. Le syndicat présidé par François Lucas, issu de la contestation de la Pac de 1992, a semble-t-il décroché la deuxième place devant la Confédération paysanne, avec un score national de 19 % (contre 12,5 % en 2001). La formation, composée pour partie de dissidents de la FNSEA et de militants venus de la Fédération française de l’agriculture (FFA) et du Modef, se voit reconduite à la présidence des chambres d’agriculture du Lot-et-Garonne et du Calvados.
La Coordination rurale effectue également une percée dans un grand nombre de départements à dominante céréalière mais aussi dans des régions d’élevage, signe de la montée d’un « ras-le-bol » dans une partie du monde agricole. Ce syndicat présentait néanmoins un nombre de listes très largement supérieur cette année et espérait un score plus élevé, de l’ordre de 25 %, qu’elle n’a pas obtenue.
Le Modef en perte de vitesse
L’implantation profonde du réseau FNSEA/JA et son travail régulier sur le terrain ont manifestement payé lors de cette élection. L’amélioration de la conjoncture agricole en 2006, marquée par une hausse du revenu agricole, ont également joué sans doute en sa faveur. La Confédération paysanne a quant à elle payé les retombées d’un discours anti-système qui n’a sans doute pas survécu à la personnalité de José Bové. La Coordination rurale, quant à elle, peut se réjouir d’avoir décroché la place de principal contestataire à la politique menée par la FNSEA. Mais ne parvient pas à contester la position du syndicalisme majoritaire. Le Modef, avec environ 2 % des votants (contre 3 %) continue de s’effriter.