La flambée des prix réveille les investisseurs
« Le renchérissement des denrées agricoles amène à s'interroger sur des investissements nouveaux, dans la terre, les hommes, les moyens de production », a déclaré hier Olivier Johannet, président de La française des placements. « Intéressez-vous aux fonds travaillant dans ce domaine », a-t-il lancé aux investisseurs venus aux 12 e Rencontres du long terme, organisées par le groupe de gestion d'actifs sur le thème des « Risques de pénuries alimentaires : causes et conséquences économiques et financières ».
Philippe Chalmin, président de Cyclope, a invité la salle à « écouter le message du marché ». « Pendant 20 ans, on a vécu dans l'illusion de l'abondance, a-t-il souligné. L'humanité se trouve, au 21 e siècle, face à un défi alimentaire majeur. C'est d'être capable de multiplier par deux la production agricole, d'ici à 2050, pour nourrir 9 milliards d'habitants, et ce à surface agricole constante voire déclinante. »
Réserves de terres
Un défi qui ne semble pas effrayer Philippe Tillous-Borde, directeur général de Sofiprotéol, établissement financier de la filière des huiles et protéines végétales. Pour lui, il n'y a pas de pénurie alimentaire, mais une mauvaise gestion des ressources. Quelques chiffres ont étayé son propos. Le monde dispose de 1,5 milliard d'hectares cultivés et de 3 milliards cultivables. A l'horizon 2015-2030, l'Afrique et l'Amérique du Sud pèserait 1 Mdha, contre 200 à 300 M ha cultivés aujourd'hui. Dans les pays de l'Est, la Russie, l'Ukraine et la Turquie, 4 Mha de colza pourraient venir en supplément d'ici à 2015.
« Ces réserves de terres n'ont pas été mises en valeur, faute d'investissement et faute de prix,a-t-il déclaré. Des problèmes restent à régler dans les infrastructures, le stockage, l'eau, les intrants. » Le manque d'eau vient, selon lui, de difficultés de stockage et de distribution plus que d'une limitation de la ressource. Autre argument, la FAO annonce que 60% de l'augmentation de production viendra de l'évolution des rendements. « Il y a des réserves, il faut investir. Ne cédez pas à la spéculation, mais privilégiez l'investissement durable », a conseillé le DG de Sofiprotéol.
Un bel enthousiasme, que Philippe Chalmin a vite douché. « Les nouvelles terres qu'on gagnera compenseront à peine l'expansion urbaine, a-t-il dit. Pendant que la surface agricole mondiale restera quasi-constante, se grefferont un appauvrissement des sols, le manque d'eau et d'engrais phosphatés. »Ce que nul n'a contesté, c'est la tendance durable à des prix agricoles élevés.