La fin des faims
La communication de Monsanto s’améliore. Le leader mondial des OGM a opportunément publié jeudi 5 juin une solennelle « initiative sur le rendement ». L’épouvantail des anti-OGM s’y est engagé à doubler -pas moins- les rendements sur les trois cultures majeures que sont le maïs, le soja et le coton d’ici 2030 grâce au développement des semences améliorées. Il a aussi promis de contribuer « à la préservation des ressources naturelles, grâce à la mise au point de semences permettant de réduire d’un tiers la quantité de ressources-clé (énergie, azote, eau) consommées à la parcelle ». Enfin -car rien n’arrête Monsanto dans la philanthropie- le groupe assure qu’il va, grâce à ces techniques, améliorer le niveau de vie des petits exploitants. Alors que le débat grandit dans le monde sur la capacité de l’agriculture à doubler la production agricole d’ici 2050, le coup est habilement porté. Il a pourtant peu de chances d’ébranler la presse française dans ses certitudes. D’abord parce que l’incorrigible Monsanto n’a rien trouvé de mieux que de diffuser son communiqué en anglais exclusivement, prêtant le flanc aux accusations d’impérialisme. Ensuite parce qu’une nouvelle fois, Monsanto en fait trop. Tout le monde retiendra que la victoire politique de la semaine, c’est Borloo (et accessoirement, les faucheurs) qui l’a emportée, en obtenant de ses collègues européens un durcissement des procédures d’autorisation d’OGM en Europe.
Il reste à connaître la portée d’un tel accord. Car pendant ce temps, le dossier n’a guère avancé. La FAO a beau promettre (elle aussi, elle promet beaucoup) que le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde sera réduit « de moitié d’ici 2015 », personne n’y croit.