La filière laitière se mobilise pour la défense de la PAC
De Jean-Pierre Raffarin à Jean Lasalle en passant par François Sauvadet, les parlementaires ont commencé jeudi à parapher la lettre ouverte adressée à Mariann Fischer Boel par la filière laitière.
Pendant que les rumeurs vont bon train concernant un démantèlement de la PAC actuelle et la refonte de toutes les OCM existantes en une seule, le Cniel réclame par ce biais une véritable politique laitière européenne et demande que le lait ne soit pas traité comme une marchandise standard. « Le vent du libéralisme est relayé au sein de l’Union par certains pays, mais il doit y avoir des débats démocratiques. C’est cela le cadre normal des négociations » a insisté Henri Brichart, président de l’interprofession laitière. « Aujourd’hui, on a le sentiment que pour certains la partie est déjà jouée. C’est très clairement la vision de Mariann Fischer Boel, mais ce n’est pas son rôle de décider de la PAC. La mondialisation n’a pas lieu d’être dans le lait » a t-il ajouté, alors qu’en toile de fond la Commission proposent une remise à plat de la PAC en 2008 au lieu de l’échéance programmée en 2013. Le principe de souveraineté alimentaire, combiné au fort ancrage de la production et de la consommation (90% du lait produit en Europe est consommé sur place) ont motivé l’interprofession à mettre en place la lettre ouverte dévoilée le 8 mars, qui interpelle la commissaire européenne à l’agriculture. Hostiles au système des quotas laitiers lors de leur mise en place en 1984, les différentes familles de la filière les défendent en tant qu’instrument de régulation, et demandent aux députés et sénateurs d’appuyer leur message en signant la fameuse lettre ouverte.
Obtenir 200 à 300 signatures
Les parlementaires pourront effectuer cet acte symbolique jusqu’au mois de mai, date à laquelle une délégation de professionnels et d’hommes politiques se rendra à Bruxelles pour remettre la lettre à la commissaire. L’objectif visé est de 200 à 300 signatures, sur un total de 908 parlementaires (331 sénateurs et 577 députés). Frédéric Chausson, directeur de la FNPL (producteurs) a rappelé que le solde commercial dû aux produits laitiers était en augmentation régulière (Ndlr : sauf en 2006, lire ci-contre) et que les volumes échangés dans le monde, très limités (7% des 528 M t produites par an), ne justifiaient pas une libéralisation du secteur.
En complément de cette lettre ouverte, une seconde annonce a été faite jeudi, portant sur la création d’une section lait et économie laitière au sein des groupes d’études parlementaire sur l’économie agricole. « Cette création est actée. Nous nous sommes en effet aperçus qu’une telle section n’existait pas» a indiqué aux Marchés Gérard César, vice-président de la commission des affaires économiques du Sénat et président du groupe d'études sur l'économie agricole alimentaire. En France, ou 22,7 Mds l de lait ont été produits en 2006 (130 au niveau européen), la filière laitière fait travailler 400 000 personnes et représente près de 20% des IAA.