La filière avicole continue de perdre des surfaces
Six mois convenables, six mois en dessous de tout. L’activité économique des éleveurs de volailles chair en France analysée sur un panel de 859 producteurs 17 % sont spécialisés, les autres travaillent d’autres productions) de 22 départements Cette étude, la vingt-quatrième du nom a été menée par les chambres d’agriculture sur les régions Bretagne, Pays de la Loire (70 % des lots étudiés), Poitou-Charente, Centre, Normandie, Picardie et Nord Pas de Calais. Les 859 éleveurs exploitent dans vingt-deux départements près de 1,3 million de mètres carrés., du 30 juin 2005 au 1er juillet 2006, rejoint les cinq précédentes mauvaises années observées. Cette fois-ci, c’est la chute brutale de la consommation de volailles consécutive à la peur de la grippe aviaire née à la fin 2005 qui a fortement réduit la rentabilité des élevages durant tout le premier semestre de 2006.
Christian Delabrosse, spécialiste avicole de la chambre d’agriculture du Morbihan qui présentait l’étude vendredi dernier à Rennes (Ille-et-Vilaine) a souligné l’ampleur des pertes constatées sur le second semestre de la période. Elles atteignent 21 900 euros en poulet export pour une exploitation moyenne de 3 000 mètres carrés, 8 500 euros pour un élevage en poulet standard de 2000 mètres carrés, 7 600 euros en dinde (atelier de 2000 m2), 3 200 euros en poulet certifié (2 000 m2), 3 120 euros en poulet label (1 200 m2)
Seules productions où les observateurs des Chambres ne constatent aucune perte : le poulet lourd destiné à la transformation et le canard de barbarie, « même si cette espèce commence à souffrir du fait de la concurrence que lui fait le canard à foie gras», a précisé Christian Delabrosse. Si les marchés ont repris de la vigueur, depuis la mi-2006, les marges « poussin-aliment » -prix de vente de la volaille moins dépenses en poussin et aliment- ont du mal à se reconstituer. Parallèlement, les charges variables (dépenses de chauffage, frais vétérinaires, etc.) augmentent.
Un point positif : la rénovation des bâtiments
Il est significatif d’observer l’évolution de ces critères entre 2000-2001 et 2005-2006 : systématiquement les charges ont progressé plus vite que la marge poussin-aliment. Après avoir perdu 900 000 mètres carrés entre 2000 et 2004, la filière volaille continue et va continuer de perdre des surfaces de production, indique l’étude. D’ores et déjà parmi l’échantillon étudié, il n’y a presque pas de bâtiments neufs construits dans les cinq dernières années.
Dans ce flot de mauvaises nouvelles, les Chambres d’agriculture jugent positif un point, les rénovations engagées par 26 % des éleveurs étudiés. Des investissements orientés en priorité vers l’abreuvement, le chauffage, la ventilation et le refroidissement – des aides spécifiques sont accordées depuis les fortes mortalités de la canicule de 2003-, et qui témoignent de leur projection vers l’avenir.
Il reste les hommes, des éleveurs qui vieillissent eux aussi, faute de sang neuf. Et là, le constat est sans appel : 45 % des 859 producteurs ont entre 40 et 50 ans, 30 % entre 50 et 60 ans… Les jeunes ? Les 20-30 ans ne sont que 2 %, les trentenaires 21 %. Une pyramide des âges pour le moins déséquilibrée. Par le passé, pratiquement aucune des surfaces de production arrêtée n’a été reprise.