La ferme Riquet se relève après l’abattage de 4000 chèvres
La ferme Riquet, à la Celle l’Evescault dans la Vienne, va repartir d’un bon pied, deux ans après l’abattage de ses 4 000 chèvres pour cause de tremblante caprine. Prise au nom du principe de précaution, la mesure avait provoqué la disparition du plus grand cheptel européen dans une exploitation privée. Neuf mois de conflits avec l’administration et les autorités régionales avaient précédé l’opération qui avait apporté la désolation dans l’EARL Riquet, entreprise familiale gérant le site. Un contentieux estimé à 3,8 millions d’euros persiste cependant entre la préfecture de la Vienne et cette dernière, qui a porté l’affaire en justice sous forme de demande de dommages et intérêts.
Les indemnités perçues, estimées à 60 % de la valeur réelle du troupeau, ont cependant permis le redémarrage d’une exploitation qui comporte 7 800 m2 de bâtiments, employant 3 salariés (contre 18 avant la crise) et prête à recevoir le premier millier de chèvres venu d’une vingtaine d’élevages alentour. La production devrait reprendre forme début 2005, avec l’arrivée d’autres animaux, et le renfort de quatre autres employés. D’ici deux ans, la famille Riquet devrait avoir retrouvé l’intégralité de son cheptel et de son personnel, fonctionnant à plein régime comme en 2002. Cette renaissance s’effectue sous l’œil bienveillant des services vétérinaires locaux (les mêmes qui étaient entrés en conflit avec l’éleveur lors de la crise) et des pouvoirs publics.
Comment éviter l’abattage total ?
Cette page tournée sera peut-être le point de départ d’une nouvelle politique en matière d’abattages systématiques. Deux autres exploitations régionales à Echiré et Joussé, de moindre importance, avaient à la même époque connu les mêmes déboires, pour les mêmes causes. Et lancé de semblables procédures de dédommagement vers le tribunal Administratif. On attend donc beaucoup des recherches du laboratoire toulousain de l’AFSSA qui, avec le labo niortais de recherches caprines, met au point un process de détection de la tremblante évitant à l’avenir l’éradication du troupeau tout entier. Un protocole est en cours de rédaction à cet effet qui pourrait être opérationnel d’ici 2005, entre AFSSA et organismes caprins picto-charentais. Objectif : mise en surveillance sans abattage des cas de contamination légère, et sauvegarde des troupeaux, sauf en cas de forte infection. Depuis le début de l’année, deux autres problèmes ont été à déplorer : à Silars (86) où 180 chèvres ont été abattues en juin dernier, tandis qu’à Mairé Lévescaut (79) un éleveur sauvait ses bêtes justement parce qu’une seule d’entre elles était atteinte. On va donc peut-être dans le bon sens en pays caprin.