La ferme de Jalogny à la pointe du Charolais
La mission de la ferme de Jalogny, propriété de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire depuis 1968, est très claire : il s’agit d’« améliorer le revenu des éleveurs », souligne Sylvain Chavy, président du comité de gestion de la ferme expérimentale, au moyen d’études scientifiques et techniques menées sur 450 bovins de viande charolaise, dont un cheptel de souche de 110 vaches allaitantes.
Les 12 ateliers qui balisent la journée Portes ouvertes du 16 septembre prochain seront l’occasion de présenter ces programmes de recherche, orientés selon deux axes majeurs. « Nous essayons de jouer un rôle d’objectivation dans la mesure où le secteur manque de vocabulaire et d’appareils de mesure fiables pour connaître les qualités de la viande, donc être en mesure de les améliorer. Notre autre préoccupation concerne la simplification du travail dans un contexte où il y a de moins en moins d’agriculteurs et où les jeunes n’ont plus la même approche du métier », précise Sylvain Chavy.
Comment gagner un an de production
Les nouveaux résultats obtenus portent sur deux essais, la technique du vêlage à deux ans et la production de bœufs « rajeunis». Entamé en 1999 pour une période de six ans, le premier essai montre que l’on peut gagner un an de production et obtenir des carcasses au poids suffisant, à condition de disposer d’un cheptel ayant atteint un niveau génétique élevé. Reste désormais à mener à bien la phase de simulation sur une exploitation moyenne.
Quant au second essai visant à évaluer les caractéristiques de bœufs charolais abattus à 24-26 mois au lieu de 3 ans, il a permis d’obtenir un nouveau produit répondant à la demande de certains distributeurs qui recherchent un animal « jeune » et peu coûteux à produire. Les résultats définitifs de l’étude seront publiés à la fin de l’année, une fois terminée l’analyse sensorielle.
D’autres expérimentations sont également menées sur la simplification de l’alimentation hivernale, la sélection d’animaux présentant un développement musculaire supérieur, ou encore les effets d’une alimentation enrichie en oméga 3 et 6.
Ces recherches trouvent avec le lancement cette année du programme national sur trois ans Qualvigène, au budget global de 8 millions d’euros, une nouvelle résonance. « Nous connaissons actuellement cinq gènes ayant des influences sur la qualité de la viande, mais les expérimentations ont eu lieu aux USA et en Australie. Ce projet, qui est une première en France, consiste à évaluer si l’on retrouve les mêmes variations en Limousin, Charolais ou Blond d’Aquitaine, mais aussi à trouver d’autres gènes afin de constituer une banque de données», expose Laurent Journaux, ingénieur au département génétique de l’Institut de l’élevage, qui nuance toutefois : « la génétique aujourd’hui c’est 20 % des performances et les 80 % restants sont dus aux éleveurs».