La fécule de pomme de terre en toute liberté
Dès la campagne 2012-2013, les producteurs français d’amidon de pomme de terre vont affronter une libéralisation complète de leur secteur. Ils craignent d’éventuelles distorsions de concurrence.
Dans le secteur de la fécule de pomme de terre, 2011-2012 sera la dernière campagne bénéficiant du cadre réglementaire européen fonctionnant sous organisation commune de marché (OCM) basée sur le système des aides couplées et contingentées revu en 1992.
Si hier, cette OCM prévoyait notamment un prix minimum, un système d’aides versées aux producteurs et une prime spéciale attribuée par Bruxelles aux féculiers, le secteur va devoir affronter une libéralisation complète et totale dès la campagne 2012-2013, avec la suppression de tout contingentement de la production, du prix minimum garanti, des aides directes aux producteurs et à l’industriel, des subventions à l’exportation, de l’obligation de contractualisation et du découplage de toutes les aides aux producteurs et à l’industriel…
Il n’y aura aucune mesure intérimaire permettant « un atterrissage en douceur » du secteur après 2012, puisque la filière n’a pas obtenu des pouvoirs publics le soutien transitoire couplé via l’article 68, permettant d’utiliser une partie des dotations du premier pilier de la Pac (aides directes au revenu) pour réaliser d’autres actions hors du champ normal de celui-ci.
Transformation : découplage des aides au 1er juillet
L’enveloppe française d’aides couplées à la fécule – environ 23 millions d’euros – confortera donc les DPU (droits au paiement unique) des producteurs sur la base de leur tonnage contracté en 2011, les producteurs ayant en effet obtenu que la campagne 2011-2012 serve de période de référence au découplage des aides. Cette aide couplée de la fécule, désormais intégrée aux DPU, n’oblige néanmoins plus le producteur à produire des pommes de terre féculières pour toucher l’aide ! Depuis le 1er janvier 2012, il y a donc découplage complet des aides à la production de fécule de pommes de terre et dès le 1er juillet 2012, il y aura découplage complet des aides à la transformation de la pomme de terre féculière. La filière « fécule » française intègre donc un marché libre après plus de 45 ans d’encadrement réglementaire européen. Elle entre en concurrence directe avec l’industrie féculière de pays comme l’Allemagne, la Hollande ou le Danemark.