La distribution s’engage dans la pêche « responsable »
Rappelée régulièrement par l’organisation des Nations Unies pour l’agriculture (la FAO) ou l’Union européenne, la nécessité d’une pêche responsable rencontre un écho de plus en plus fort dans la grande distribution.
Depuis le mois de mars, Carrefour a décidé de commercialiser le filet de pangasius (ou panga) vietnamien, une espèce non menacée qui évite la disparition de la ressource et permet un positionnement prix intéressant. « Le développement d’autres nouvelles espèces est en cours » a récemment déclaré le distributeur.
Durant l’année 2006, il s’est également engagé à diminuer la mise en avant de poissons frais sauvages dans ses campagnes de promotion avec moins de 10 références dans ses catalogues. En septembre, la FAO a indiqué que près de 43 % des poissons consommés proviennent aujourd’hui de l’aquaculture, contre 9 % en 1980. Cette forte poussée de l’élevage répond à la stagnation des prises en mer et en eau douce (voir graphique en une), entraînant certains pays, notamment asiatiques, dans l’aquaculture à grande échelle. Selon les chiffres de la FAO, la Chine représentait 70 % de l’aquaculture mondiale, en 2004 devant l’Inde, les Philippines, l’Indonésie, le Japon, le Vietnam et la Thaïlande.
Le tilapia remplacera le colin ou le cabillaud
Auchan s’est, lui, tourné vers le Brésil, deuxième production mondial en aquaculture, pour assurer son approvisionnement en tilapia. Le distributeur s’est engagé à « promouvoir de nouvelles espèces à faible empreinte écologique » et a pris plusieurs mesures pour limiter les prises dans les espèces sauvages. Elles se traduisent par l’absence de commercialisation de bar sauvage pêché en masse de décembre à mars ou encore par l’engagement à proposer, dans un premier temps, 6 espèces (sole, turbot, barbue, plie, limande sole et limande fraîche) avec une taille supérieure à la réglementation européenne. Commercialisant aujourd’hui environ 40 000 t de produits de la mer, Auchan s’est fixé à moyen terme un objectif de commercialisation de 1 000 t/an pour le tilapia, soit une multiplication par 10 des volumes actuels. Vendu 3 euros en barquette de 250 g, sans peau et sans arêtes, le tilapia a vocation à remplacer en partie le colin ou le cabillaud aujourd’hui surexploités.
Lors du Sirha qui se tiendra en janvier à Lyon, ces espèces très en vue seront proposées aux restaurateurs par Fjord Seafood Pieters (gratin de tilapia au chorizo et à la mozzarella) ou Halieutis avec son filet de panga meunière. Un poissonnier parisien expliquait cette semaine aux Marchés que les grossistes et fournisseurs développaient de plus en plus leur offre en espèces autrefois inconnues en France. Bien que minime en comparaison des espèces traditionnellement vendues en France, le poids de ces poissons tend à progresser. Dans son dernier état des marchés mondiaux et européens, l’Ofimer a noté qu'« on trouve de plus en plus sur le marché des poissons tropicaux frais comme le mérou, le thiof ou le coq rouge, en provenance par avion de pays aussi variés que le Sénégal, la Thaïlande ou le Venezuela. Le marché français est également de plus en plus demandeur de filets de poisson tropicaux d’élevage comme le panga (Vietnam) ou le tilapia (Zimbabwe, Costa Rica) qui sont déjà très présents sur d’autres marchés européens. Les importations sont en progression régulière depuis quinze ans, mais on observe une accélération de cette progression depuis 1998 » observe l’Ofimer. Compte tenu des récentes décisions sur les quotas, la tendance n’est pas prête de s’inverser.