La crise doit inciter les PME à innover

Il y a quelques semaines, Jean-René Buisson, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), annonçait une baisse de 13 % des investissements en valeur des industries agroalimentaires pour l’année 2009. Face à la crise, les entreprises du secteur vont-elles choisir de lever le pied sur les innovations et la recherche auxquelles elles consacrent respectivement 7 % et 1 % de leur chiffre d’affaires ? Rappelons que les innovations technologiques de rupture sont déjà peu fréquentes dans le secteur, les industriels privilégiant l’amélioration de produits et de procédés existants. « Il est important de rompre les habitudes. L'innovation coûte beaucoup d'argent, et les projets n'aboutissent pas forcément. Mais à vouloir faire des économies, on se tire une balle dans le pied. L'innovation doit s'accompagner d'une certaine irrationnalité », a au contraire estimé Guy Schumacher, pdg de Brossard, le 3 juin à l’occasion des rencontres du cercle de la boulangerie-pâtisserie traiteur. Et face aux changements de comportement des consommateurs, les industriels se doivent d’être réellement imaginatifs. « Si les Français raffolent toujours autant des innovations, ils deviennent de plus en plus sélectifs et se laissent de moins en moins abuser », note Yves Puget, dans le dossier spécial innovation de l’hebdomadaire LSA.
Les pôles de compétitivité soutiennent les PME
Mais quand on est une PME, a-t-on les moyens d’investir pour anticiper la demande ? « L’effort de recherche est beaucoup plus important dans les entreprises de plus de 250 salariés, qui sont 3 sur 4 à avoir innové en 2007, contre 1 sur 4 seulement pour celles de 10 à 20 salariés », rappelle Yves Bayon de Noyer, président de la société Agis et président de la commission recherche de l’Ania, créée il y a deux ans à peine. Néanmoins « les pôles de compétitivité agroalimentaires en activité depuis trois ans ont stimulé de façon dynamique la recherche dans les PME », ajoute-t-il.
Le pôle boulonnais Aquimer a par exemple déjà consacré 50,5 M€ à 27 projets labellisés, dont le projet Seamineroil qui vise à mieux valoriser les coproduits issus de la pêche et de l’aquaculture. Ce projet est porté par Copalis, une PME en quête de nouveaux débouchés (lireLMH du 27/05/09). Le spécialiste de la chicorée Leroux (43,5 M€ de CA) a pour sa part participé à un projet collaboratif, Oxychic, labellisé par le pôle nutrition santé longévité, qui lui a permis de mettre au point une belle innovation. L’entreprise a lancé en 2008 Chicorée douce, une nouvelle génération de chicorée 100 % végétale, 0 % caféine et moins amère. « Cette innovation a nécessité sept ans de recherche», a commenté Christophe Hermand, président de la PME, la semaine dernière lors de la remise des Grès d’or 2009, où il s’est vu décerner le prix nutrition-santé.
La GMS en quête d’innovation pour ses MDD
Au-delà des pôles de compétitivité, les PME peuvent aussi se tourner vers Oséo qui a accordé 36 M€ d’aides au secteur agroalimentaire l’an passé. C’est le cas de Val de Vire. La filiale de la coopérative Elle&Vire a bénéficié de financements pour ses recherches sur la valorisation du marc de cidre produit par les coopérateurs. Un projet qui a donné lieu à la commercialisation d’extraits de polyphénols de pomme adaptés à la formulation de compléments alimentaires.
Si elles osent innover, les PME peuvent tirer bénéfice de la lutte sans merci que se livrent actuellement les distributeurs pour fidéliser leur clientèle. « L’innovation n’est plus le pré carré des marques nationales », a récemment commenté Eric Mozas, président d’Intermarché alimentaire international, annonçant le lancement de 1 200 nouveaux produits à marque propre dans les douze prochains mois.