La consommation française de bière s’est maintenue en 2003
De manière générale, l’année 2003 a été plutôt réussie pour le marché français de la bière, qui est resté stable. Sa caractéristique principale est d’avoir vu s’affronter deux tendances antagonistes dont les effets se sont annulés. La première d’entre elles est la tendance de fond observée depuis quelques années : une diminution de la consommation. Mais l’année dernière, elle a été contrecarrée car une climatologie exceptionnelle, la canicule estivale donnant un véritable coup de fouet à la consommation de bière dans l’Hexagone. Au final, celle-ci s’établit aux alentours de 18,1 M hl en 2003, dont les bières françaises représentent plus de 80 %, les bières belges s’octroyant la plus grande part du reste.
Kronenbourg, avec 40 % des PDM, est le premier brasseur français. Pour Vincent Rattez, directeur de la communication, « Nous sommes clairement le leader. En 2003, nous avons produit 8,7 M hl, en grande majorité destinés au marché national. Nous en avons également exporté 1,5 M hl, en direction de pays comme la Suisse par exemple ». La bouteille de Kronenbourg, première marque de l’entreprise, représente à elle seule une bière vendue en France sur 4. Sur le segment des bières premium, ou l’on trouve le grand concurrent Heineken, Kronenbourg affiche les plus forts taux de croissance sur ces dernières années avec 1664 (5 % en 2003, dans un marché des premiums en chute).
La bière sans alcool produit d’avenir
Si la canicule a été un évènement majeur de l’année pour les brasseurs, elle a été secondée par la politique de répression et de lutte contre l’alcool au volant, qui a modifié la donne. « L’effet Sarkozy existe vraiment» déclare M. Rattez, qui ajoute que « l’impact est très net en CHR où l’on assiste à une accélération du recul de la consommation, de l’ordre de 2 à 3 points, ce qui est beaucoup ».
Dans les bars et les restaurants, tout ce battage médiatique ainsi que les sanctions encourues ont réorienté la consommation vers d’autres produits, comme les jus de fruits. Pour contrer, ou sinon atténuer ces changements de comportements, les grandes marques offrent une deuxième jeunesse aux bières sans alcool, après une érosion continue depuis 10 ans. Leur consommation redécolle, assortie d’une communication en rupture avec les codes utilisés jusqu’ici. Ainsi la bière Kronenbourg pur malt, lancée discrètement en GMS il y a trois ans, connaît une belle embellie et réalise des scores impressionnants. « La croissance est de 60 % en 2003 sur ce produit, et nous visons la même chose pour 2004 », se félicitait M. Rattez. « Nous avons voulu en faire un produit positif, au contraire des autres bières sans alcool. Plutôt que de faire un produit « sans », nous avons mis au point une bière « avec », présentée dans une bouteille long neck plus festive. Et nous mettons l’accent sur le côté pur malt, sur le goût». La bière sans alcool produit d’avenir ? Peut-être, mais ce genre de lancements ne sera sans doute pas suffisant pour soutenir l’équilibre, après une année à la météo avantageuse et alors que l’alcool est dans la ligne de mire des pouvoirs publics.