La confiance revient-elle dans l’e-commerce ?
Après presque 20 ans d’existence sur Internet, l’e-commerce du vin aux particuliers ne s’est toujours pas fait une place au soleil. Percer le marché européen, et notamment français, comme l’ambitionne l’Américain Lot18, s’annonce comme un immense défi d’acclimatation.
La trajectoire de l’entreprise Lot18 rappelle furieusement les grandes heures des starts-up, quand celles-ci émergèrent de la bulle internet à la fin des années 90. Créée il y a à peine plus d’un an par deux New-Yorkais, la société a été lancée, raconte Thierry Rochas, tout nouveau directeur des achats de la version française de Lot18, « sur un coin de tonneau numéroté 18 » qui a inspiré le nom du site. Cela n’a pas empêché les deux entrepreneurs d’obtenir en quelques mois près de 50 millions de dollars de la part de « hedges funders » pour se développer. Les succès fulgurants de Google, Youtube ou Facebook, obtenus en moins de dix ans, ont réveillé les espoirs de réussite et de gains rapides chez les jeunes pousses de l’Internet.
Lot18 a connu, aux États-Unis et un peu en Grande-Bretagne, une croissance, si ce n’est fulgurante, au moins très prometteuse, affirme Thierry Rochas. « Amateur éclairé de bons vins et de gastronomie», ce dernier a accepté, avec son partenaire Paul Guillet, l’offre de reprise de leur site français Vinobest par ce « grand frère » américain. Une entreprise en plein essor, qui compte déjà 120 salariés et annonce une trentaine de créations d’emploi en Europe. Lot18 a pour ambition de croître promptement en Grande-Bretagne et en France, pourtant patrie du vin, et d’essaimer rapidement en Allemagne puis dans les pays de l’Est, afin de devenir une référence en Europe.
Une légitimité à conquérir
Le pari est loin d’être gagné. La concurrence est vive sur la toile. Certains « pure players » de la vente sur catalogue ont acquis en France expérience et légitimité, comme 1855, qui a beaucoup investi ces dernières années. Sur des marchés très régionalisés par les habitudes de consommation, les sociétés internet internationales sont peu présentes. Amazon lui-même s’y est cassé les dents. Les dirigeants de Lot18 Europe (la société est représentée à Paris et à Londres) disposent certes de moyens importants. Un tiers de la dernière levée de fonds (30 millions d’euros) pourrait être dédié au développement sur le Vieux Continent. Mais les acteurs actuels de la « vente sur catalogue » ou de la « vente privée » ne rendront sans doute pas les armes facilement.
Surtout, rien ne dit encore qu’Internet deviendra un mode d’achat courant du vin à l’avenir, notamment en France où les « amateurs éclairés » affectionnent la vente directe et l’achat au caviste. C’est pourtant la cible que vise Lot18, dont la version française a été mise en ligne il y a quelques jours. Thierry Rochas promet des développements futurs dans la vente d’articles d’art de la table ou de gastronomie. Les membres et, surtout, les clients, seront-ils au rendez-vous ?