La charte signée… et maintenant ?
Pour l’optimiste Jean-Philippe Girard, président de l’Ania, la signature de la charte d’engagements des états généraux de l’alimentation le 14 novembre est « historique ». Se qualifiant d’« optimiste de combat », Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, a estimé le 18 novembre sur France Inter que « la signature de la charte avec tous les distributeurs est très importante, tout le monde ayant dit que l’on ne pouvait pas continuer ainsi, c’est un sursaut ». Toutefois, la représentante du syndicat majoritaire agricole a indirectement prévenu le « poil à gratter » Michel-Édouard Leclerc, au micro d’On n’arrête pas l’éco : « il était là, il a signé, il a un rôle majeur, il est leader, mais il sait que l’on sera là devant ses magasins : je le remercie d’être venu à la table, mais je serai très exigeante sur le suivi ». Il faut dire que le jour même de la signature de la charte, le distributeur a averti sur son blog « nous participerons aussi pleinement au débat qui va désormais se poursuivre avec le législateur sur les modalités pratiques du texte de loi en préparation. Le diable est parfois dans les détails, alors nous demeurerons vigilants jusqu’au bout ! » Michel-Édouard Leclerc sera particulièrement attentif à la question de l’encadrement des promotions et à l’augmentation du seuil de revente à perte, souhaitée par Emmanuel Macron (« nous continuons de penser que cette réforme n’est pas une bonne idée et qu’elle générera entre 5 et 15 points de hausse des prix », a-t-il déclaré). Deux points pourtant clés pour l’Ania et Coop de France. Cette dernière, plus sceptique qu’optimiste, émet déjà de « sérieux doutes » sur la véritable portée économique de la signature de la charte, qui relève pour l’instant des seules bonnes intentions. Avant que la force des lobbies ne se mette en marche, en particulier celui de la puissante distribution, l’organisation des coopératives demande au gouvernement des gages rapides sur les futures évolutions réglementaires. Méfiance est mère de sûreté.