La charcuterie fait front face aux attaques nutritionnelles
«Des experts veulent nous faire disparaître, criant haro sur les charcuteries qui seraient trop grasses, trop salées. Nous n'avons pas attendu les plans nationaux pour réduire le gras (les cochons sont 30 % plus maigres qu'il y a 30 ans), pour réduire le sel (-8 % en 15 ans) », a protesté le président de la Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs, transformateurs de viandes (Fict) Robert Volut, lors de ses assises mardi à Paris. La profession ne souhaite pas en rester là. Elle promet de déposer, d'ici à la rentrée, une charte d'engagement Nutrition au ministère de la Santé. Quant aux attaques dont fait l'objet la charcuterie, la Fict les trouve exagérées.
Parmi les détracteurs du produit figure notamment le Fonds mondial de recherche contre le cancer (FMRC). Une de ses dix recommandations consiste à éviter la consommation de charcuterie. Le FMRC s'appuie sur les résultats d'environ 7 000 études mondiales réalisées au cours des cinquante dernières années. « La classification des produits diffère d'un pays à l'autre et ceux visés par la recommandation sont plutôt de type anglo-saxon », a répondu à la presse le président Volut. La Fict situe par ailleurs la consommation française à environ 35 g de charcuterie par jour, alors que le risque apparaîtrait au-delà de 80 g.
Le faire et le dire
Une charte collective d'engagements de progrès nutritionnel, dans le cadre des actions initiées par le Programme national Nutrition Santé (PNNS2), est en cours d'élaboration. Cette démarche volontaire de la profession comporte trois volets : la fixation de critères maxima de taux de gras et de sel dans les produits, la généralisation de l'étiquetage nutritionnel avant l'obligation réglementaire, une communication sur la nutrition conforme aux objectifs du PNNS. « La charte, qui concernera une dizaine de produits, sera déposée à la rentrée, a promis Robert Volut en conférence de presse. Elle vise à rendre moins gras et moins salés les 10 à 15 % de produits affichant les plus forts taux de sel et de matières grasses. Notre ambition est de l'intégrer au code des usages de la charcuterie. » D'âpres discussions sont menées avec l'Etat pour permettre à la profession de communiquer sur cette charte auprès des consommateurs.
« L'environnement en matière de Nutrition/Santé n'est pas bon, a souligné lors des assises le président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) Jean-René Buisson. On se trouve plutôt confronté à des opposants, parmi les associations de consommateurs, les politiques, les médias. C'est assez injuste pour nos industries. » D'après lui, une « bagarre difficile » se profile avec les pouvoirs publics. Le président de l'Ania est notamment préoccupé par des restrictions en matière de publicité et une taxe nutritionnelle, qui atteindrait 500 millions à 1 milliard d’euros par an sur l'ensemble des produits alimentaires. Dans ce contexte, l'organisation va mettre en place une Fondation française pour l'Alimentation et la Santé. La Fict a annoncé qu'elle soutiendra sa création et son développement.